
« Démocratie », « légitimité », ce sont sans doute les mots qui ont été les plus prononcés, les plus revendiqués, durant les rencontres contre les « grands projets inutiles et imposés », les « GPII », qui se sont déroulées à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) du 15 au 17 juillet.
Certes, la dramatique attaque terroriste qui s’est déroulée, la veille de l’ouverture du forum, le jeudi 14 juillet à Nice, a suscité émotion et sympathie pour les victimes, en ouverture de la réunion qui a réuni 150 à 200 militants européens.
Mais pas question pour autant de faire une pause dans la lutte acharnée menée contre des projets aussi variés qu’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), un tunnel transalpin destiné à la ligne ferroviaire Lyon-Turin, des lignes à très haute tension de l’autre côté des Pyrénées, une gare à Stuttgart ou encore des lignes à grande vitesse au nord de Londres, en Provence et au Pays basque… (...)
« Le but du terrorisme, c’est de nous empêcher de vivre, mais on ne va pas s’autocensurer et accepter pour cela la confiscation de la démocratie avec l’état d’urgence. Si la réponse au terrorisme, c’est de nous dire de ne pas manifester, alors ils auront gagné », insiste Martine Bouchet du Collectif des associations de défense de l’environnement (Cade) du Pays basque et du sud des Landes, coorganisateur de la rencontre. (...)
Les nombreux Espagnols venus à Bayonne ont aussi martelé ces accusations de mensonges sur les données justifiant les projets, en particulier ceux qu’ils appellent les « mégaprojets énergétiques », soit trois ou quatre lignes à très haute tension et un gazoduc géant qui traverseraient les Pyrénées. Plus d’une cinquantaine d’associations de Catalogne, d’Aragon, de Navarre, se sont réunies dans un réseau qui insiste sur l’inutilité de ces projets. (...)
Maxime Combes, d’Attac, a fait le lien entre ces résistances et la lutte contre le réchauffement climatique. « La question climatique est rarement mobilisée pour disqualifier ces grands projets, pourtant contradictoires avec les engagements pris par les pays européens lors de la COP21, explique Maxime Combes. En revanche, les porteurs de ces projets savent utiliser le climat pour justifier une ligne à grande vitesse, le fret ferroviaire ou une nouvelle aérogare à haute qualité environnementale. » Il faut donc avoir une vision plus large, prendre en compte l’intérêt environnemental, mais aussi social, économique pour « imposer un moratoire sur ces projets d’infrastructure ».