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Les echos
Nucléaire : le rapport qui gênait Nicolas Hulot
Article mis en ligne le 30 août 2018

Une mission lancée par l’ex-ministre de la Transition écologique et le ministre de l’Economie sur le maintien des compétences dans le nucléaire préconise de construire six EPR à partir de 2025.

C’est un rapport qui, assure l’entourage de Nicolas Hulot, a été à peine parcouru par l’ex-ministre de la Transition écologique et solidaire. Mais c’est un rapport qui aurait probablement nourri sa critique sur la « folie inutile » du nucléaire qu’il dénonçait encore mardi et qui n’aurait pas facilité sa tâche dans son combat pour diversifier le mix énergétique français. (...)

Lire aussi :Nucléaire : le rapport qui préconise 6 nouveaux EPR a-t-il fait craquer Hulot ?

Ce jeudi matin, le rapport sur le nucléaire commandé au printemps dernier par Bruno Le Maire et le démissionnaire Nicolas Hulot livre ses conclusions, révélées par le quotidien Les Echos. Il s’agit ni plus ni moins d’un plaidoyer pour la construction de nouveaux réacteurs de troisième génération (EPR).

Une dernière déconvenue pour le ministre écolo qui, selon ses proches, avait brièvement parcouru l’enquête notamment réalisée par deux anciens du secteur. Et une option à risque tandis que l’EPR de Flamanville (Manche) peine à sortir de terre et après qu’Emmanuel Macron avait repris à son compte la promesse de François Hollande de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité. (...)

« Si je m’en vais, il va y avoir 3 EPR de plus ! »

Nicolas Hulot savait-il que ce rapport n’allait pas rester longtemps confidentiel ? Début août, bien avant d’officialiser sa rupture avec le président, l’ex-animateur d’ « Ushuaia » avait livré à Libération des confidences en « off », que le journal a décidé de dévoiler le jour de sa démission. Le ministre avouait se sentir impuissant, expliquant qu’« Emmanuel Macron et Edouard Philippe n’ont toujours pas compris l’essentiel » et que, s’il partait, « il allait y avoir 3 EPR de plus dans les prochaines années ! » Une prédiction presque trop optimiste compte tenu les bribes de rapport que vient de dévoiler le quotidien économique.

Selon Les Echos en effet, les experts mandatés pour évaluer « le maintien des capacités industrielles de la filière nucléaire en vue de potentielle nouvelles constructions de réacteurs » préconisent le chantier de six nouveaux réacteurs dits de « troisième génération » dans la prochaine décennie. Ces réacteurs visent à améliorer la sûreté et la rentabilité économique des centrales par rapport à celles dotées de réacteurs de génération précédente. Celui de Flamanville est ainsi censé remplacer la centrale vieillissante de Fessenheim (Haut-Rhin), toujours en service en raison des lenteurs du chantier dans la Manche. (...)

Après plusieurs semaines d’auditions menées par un groupe restreint, dont un ancien dirigeant d’Areva - concepteur des EPR -, le rapport préconise la construction d’un premier exemplaire qui démarrerait en 2025, pour une entrée en service en 2035. La construction d’un deuxième réacteur serait lancée deux ans après le premier, et ainsi de suite pour construire les six premiers réacteurs.

Interrogé sur Radio Classique, le ministre de l’Economie, co-commanditaire de l’enquête, a pour sa part dit clairement qu’il croyait « que le nucléaire est un atout pour la France, une énergie qui n’émet pas de CO2. C’est des centaines de milliers de salariés, d’ouvriers, de compétences et de savoir-faire ». Mais « quant à la construction de nouveaux EPR, ce n’est pas un rapport qui décide de la politique du gouvernement, c’est au président de décider. Et la sagesse recommande déjà que Flamanville soit achevé avant de prendre des décisions », a précisé Bruno Le Maire qui a par ailleurs assuré que le gouvernement était toujours « déterminé à accélérer la transition énergétique » citant la fermeture de Fessenheim ou des centrales à charbon.(...)

Des ONG montent au front après le départ de Hulot

Dans le même temps, ce jeudi, dix ONG écologistes co-signent une tribune pour interpeller Emmanuel Macron sur la question de la transition écologique et lui demandent de « changer de cap » après la démission de Nicolas Hulot. « En matière écologique, nous ne pouvons plus soutenir l’agriculture biologique et en même temps le glyphosate, la sobriété énergétique et en même temps le nucléaire, une redynamisation des centre-villes et en même temps le (mégacomplexe) Europacity et l’artificialisation des terres agricoles, la nécessaire préservation de la biodiversité et en même temps la baisse du prix du permis de chasse, la mise en oeuvre de la COP21 et en même temps la multiplication des projets autoroutiers les fermes-usines et en même temps une agriculture paysanne, le libéralisme et en même temps l’écologie » ont notamment énuméré le Réseau sortir du nucléaire, l’association France nature environnement, l’Action des citoyens pour le désarmement nucléaire ou encore Virage énergies.

Fessenheim obtient un nouveau sursis grâce au probable retard de Flamanville

EDF a annoncé ce jeudi un possible nouveau retard de « quelques mois » après avoir constaté en avril des « écarts de qualité » sur des soudures de la tuyauterie du réacteur nucléaire dans la Manche.
Ça ressemble à une fausse note que rejoue sans fin un disque rayé (...)

Plus tôt dans la journée, le directeur des aménagements du chantier a d’abord annoncé le vol de 150 cadenas protégeant du matériel sensible qui risquait de contrarier l’avancée des mises en sécurité du réacteur nucléaire. Puis Bertrand Michoud a expliqué que les anomalies sur les tuyauteries datant du mois dernier n’avaient toujours pas été évaluées. Et surtout qu’il était « trop tôt » pour donner des précisions sur le planning sachant qu’officiellement, le démarrage était prévu à la fin de l’année, pour une mise en service commerciale en 2019. (...)

Cette doyenne des centrales françaises attend en effet d’être remplacée par le réacteur de 3e génération, censé être plus sûr et plus puissant selon son promoteur. Le complexe alsacien ne pourra d’ailleurs plus fonctionner après la mise en route de Flamanville en vertu d’une loi qui plafonne la capacité nucléaire française. Mais depuis le début des travaux en 2007, le chantier a connu de nombreux déboires et le coût initial de 3,3 milliards d’euros a triplé.(...)