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A cette minute je suis vivant…
Louis Hobey : La guerre ? C’est ça !… Première publication : Coopérative ouvrière d’édition « Librairie du Travail » 1937 Editions Plein Chant, Bassac 2015, 352 pages, 20 euros
Article mis en ligne le 28 août 2016
dernière modification le 23 août 2016

« A vous tous, mes camarades inconnus, Camarades de tous pays, de tous les fronts, qui, tant bien que mal, EN êtes revenus. »

Dès l’avertissement, la lectrice ou le lecteur comprend que cette mémoire de la guerre ne sera pas colorée par un drapeau patriotique, réduisant l’histoire à celle des vainqueurs ou igonrant les intérêts sociaux antagoniques. « Ce livre, qui ne contient pas une seule fois le mot « ennemi », est la simple histoire d’un homme pendant la guerre ».

Un auxiliaire, le vocabulaire de caserne « tout graissé d’ordures, tout émaillé de noms d’organes », des questions, « pourquoi ce consentement au meurtre légal, cet enthousiasme pour les tueries ? », la notion de patrie jamais vraiment définie, les anonymes…

L’arrière. Les premières semaines de catastrophe, déjà des avis de deuil, les injustices, les passe-droits, les combines, « ces gens d’arrière, qui se maintenaient à leur poste en envoyant le plus possible de leurs semblables vers le front »…

Des milliers de fois « se lever, se coucher, ramper », les premiers morts, « la guerre ne tuait pas seulement, elle rendait encore fous les hommes qu’on lui jetait », les rêves ou le charme de l’« Intérieur ! », les détails macabres, un « morceau visible de spectre », la puanteur, les blessés, les amputés…

L’Argonne. Le rude apprentissage, les règles « trois heures de garde, trois de repos ! » et le repos amputé de tâches obligatoires, un soldat pas tout à fait comme les autres car instituteur, les moyens militaires de résistance et les camouflages, la mine et la terreur, « le volcan en puissance n’attendait plus qu’un geste »…

La Somme. La guerre et sa présentation romantique, la guerre sans mensonge et la « splendeur du massacre », un premier séjour de neuf jours, les ombres d’hommes jetés dans un déluge de fer, un « refus écrit de mener les hommes à l’attaque », trente-six rescapés « spectres vivants » sur cent cinquante hommes… (...)

Une belle réédition plus qu’utile dans ces temps où (re)soufflent les esprits nationalistes et va-t-en-guerre. Un livre pour faire penser « à la monstruosité du crime collectif !… »