
Michel Toesca est cinéaste. Il habite dans cette vallée et filme depuis deux ans des hommes et des femmes qui ont décidé d’agir face à une situation humaine révoltante, malgré les risques judiciaires encourus. Des gens qui se connaissaient à peine se rassemblent et s’organisent pour exiger un droit à l’humanité.
Cédric Herrou, agriculteur dans la vallée, est rapidement devenu une figure centrale de l’aide aux exilés. Il est un des personnages principaux du film.
De leur relation, des risques pris en commun en filmant des actions considérées au début comme illégales, naît une solide complicité.
À TOUS VENTS est l’histoire de leur amitié et de tous les liens qui se tissent entre les habitants de la vallée et ces réfugiés qui ont choisi de tout risquer dans l’espoir de connaître une vie meilleure...(...)
Au fil des mois, notre amitié s’étoffe dans l’action, et dans le partage. Nous avons, lui et moi, vu les mêmes choses au même moment. Nous nous sommes émus et scandalisés de cette situation brutale et absurde. Je trouve en Cédric un frère qui vibre à l’unisson d’une certaine idée de la justice, de la vie et de la dérision. Notre confiance et notre complicité mutuelle me permet de filmer au plus près des actions et des gens.
Cela fait maintenant deux ans que nous avons aperçu pour la première fois des migrants dans la Roya. Depuis ils ont été des centaines à traverser notre région, et il continue d’en arriver tous les jours. Il s’est passé beaucoup de choses durant cette période. Suite à un article du NewYorkTimes, Cédric est devenu un personnage médiatique, symbole international des solidaires aux réfugiés.
Pendant deux ans, plus d’une quinzaine d’acteurs de cette lutte ont été arrêtés, jugés condamnés, d’autres attendent encore leur procès.
Ce qui est à mes yeux profondément réjouissant et jubilatoire, c’est que par ces actions menées et filmées, par notre combat, nous sommes parvenus à faire changer une petite partie du monde. Un groupe d’avocats s’est constitué pour mettre la préfecture et le département face à leurs responsabilités. L’aide n’est plus seulement humanitaire mais juridique et politique. Les abus préfectoraux et policiers ont été dénoncés, suite à quoi une ordonnance du tribunal administratif a condamné le préfet pour entrave grave à la demande d’asile. Notre démarche a été reconnue comme légitime et la loi est désormais respectée. Une victoire sans-doute modeste face à l’envergure de la question des réfugiés en Europe, mais à notre échelle savoureuse, parce que ces changements ont été obtenus dans la joie et la dérision. Nous sommes fiers d’avoir été de petits grains de sable qui ont ralenti le grand rouage. Ce mélange de légèreté et de lucidité nous a permis de retourner la situation sans violence et avec le sourire.
Malgré cela, la préfecture persiste et utilise tous les moyens répressifs dont elle dispose pour contenir les réfugiés dans la Roya et les empêcher de faire leur demande d’asile. (...)
Aujourd’hui nous faisons appel à vous pour nous aider à aboutir ce film.
L’argent collecté permettra de terminer "À TOUS VENTS" en finançant les derniers tournages (les premiers ont été auto-produits par le réalisateur), la post production et la promotion de ce film. Nous souhaitons qu’il serve aussi à sensibiliser les pouvoirs publics et les citoyens français et européens sur cette page de l’histoire de l’émigration qui s’écrit depuis deux ans à Vintimille et dans la Vallée de Roya.