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À Paris, le blocage d’Extinction Rebellion s’organise pour durer
Article mis en ligne le 9 octobre 2019

Ce mercredi matin, les activistes d’Extinction Rebellion, aux parcours très divers, occupaient toujours la place du Châtelet, à Paris. Ravitaillement, toilettes sèches, crèche... Le campement s’organise pour durer.

« Extinction ! Rebellion ! » À 15 h place du Châtelet, bravant la pluie, une dizaine de militants engoncés dans des cirés improvisent une chorégraphie au son de Sweet dreams de Eurythmics. Une manière de se donner du courage après plus de 24 heures d’occupation du centre de Paris. Surtout que le blocage pourrait durer : « Berlin a prévu de retirer son campement samedi ou dimanche, mais nous on n’a aucune intention de lever le camp et si les gens sont motivés, on espère rester dix jours », indique M., un organisateur. (...)

« Je suis peace keeper, c’est-à-dire que j’explique aux gens que le pont est bloqué, aux passants ce qu’est Extinction Rebellion et j’essaie d’apaiser les tensions quand des activistes craquent », explique-t-il en désignant son gilet orange fluo d’organisateur. Habitant de Montpellier, gérant d’une société de graphisme et père de trois enfants, il a tout lâché pour venir participer au blocage organisé par Extinction Rebellion (XR). « Avant, je me contentais de marches inutiles ou de rassemblements des Gilets jaunes le samedi qui tournaient à la violence, explique-t-il. (...)

Ce qui m’a attiré dans Extinction Rebellion, c’est l’action directe non-violente. Les principes de XR sont : pas de violence physique, pas de violence verbale et pas de dégradation, sauf si elle a été décidée à l’avance et ciblée. Le déclic a été l’action à Londres au moment de Pâques et le blocage du Pont de Sully. » Pour lui, pas de contradiction entre son implication dans le mouvement et son fatalisme : « Je me suis sensibilisé en regardant des vidéos sur la collapsologie, notamment des conférences de Pablo Servigne. Je pense qu’on va droit dans le mur et que la transition se fera dans la douleur. Je m’investis quand même car même si l’humain va morfler et que la démographie va s’effondrer, les choses pourront peut-être redémarrer ensuite et il faut préserver tout ce qui peut l’être dans cette optique. » (...)

On n’en est plus aux petits gestes que je fais depuis dix ans, comme acheter bio, local et de saison, tendre vers le zéro déchet. Mieux consommer est indispensable, mais ça ne suffit pas. Il faut des changements structurels. »

« L’Homme est capable d’aller sur la Lune mais ne sait pas recycler un carton à pizza. Il est temps de changer de priorités », renchérit Armelle. (...)

Des organisateurs récupèrent des fruits et légumes à Rungis et les cuisinent dans une base arrière (...)

« Une personne est arrivée hier avec deux cafetières et a commencé à faire du café pour tout le camp. Et ce matin, on a découvert des tas de provisions, thé, pain, viennoiseries, devant la cabane », raconte Noémie. « Il y a beaucoup d’auto-ravitaillement avec des dons », confirme une organisatrice.

Le matin, Extinction Rebellion avait twitté la liste des besoins urgents en produits et denrées : boissons chaudes, parapluies, cirés et bottes, cordages, sciure, palettes, nourriture, etc.
Je pensais être la seule à me sentir aussi mal face à la déforestation et la disparition des animaux

Même les plus petits ont une tente bien à eux. Marie, venue de Toulouse avec ses deux enfants de deux ans et demi et cinq ans, y anime des ateliers attrape-rêves et maquillage. (...)

J’ai dû faire face à une prise de conscience de la crise écologique tellement dévastatrice qu’elle m’a plongée dans la dépression pendant deux ans. Je pensais être la seule à me sentir aussi mal face à la déforestation et la disparition des animaux. Je me disais que j’étais hypersensible. À Extinction Rebellion, j’ai rencontré des gens comme moi. Avec eux, je suis comme en famille. »

« Extinction Rebellion défend une culture régénératrice, qui repose sur le fait de prendre soin les uns des autres » (...)

À la tombée de la nuit, la place se remplissait toujours pour une nouvelle nuit d’occupation. Et ce mercredi matin, 9 octobre, les occupants étaient toujours là.