
À Paris, des dizaines de milliers de personnes ont participé mardi 5 février à la manifestation de la « grève nationale de 24 heures » organisée par la CGT. Dans le cortège, des étudiants, des enseignants, des soignants et des Gilets jaunes
Étirées le long de la rue de Rivoli, à partir de l’Hôtel de Ville, les troupes se garnissent sur les coups de 14 heures. Une odeur de merguez et de saucisses grillées émane du croisement avec le boulevard Sébastopol, coloré par les ornements de la CGT. Virginie et Monique, militantes au sein de la confédération syndicale, voient d’un bon œil la présence des Gilets jaunes pour cette journée de mobilisation : « On est tous dans le même bateau, disent-elles. Peu importe la couleur du gilet, il est temps de combattre ensemble la politique autoritaire de nos dirigeants. » (...)
À quelques pas du parvis de la mairie, Thierry se meut dans la foule. Il arbore un gilet jaune fluo. « Je ne suis pas allé aux premières manifestations, explique-t-il. Le 17 novembre, je pensais que les gens descendaient dans la rue uniquement pour défendre leur portefeuille. Depuis, je me suis rendu compte que c’était un mouvement bien plus vaste que ça, et que l’augmentation du carburant était juste la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. » Sur sa pancarte, Thierry a apposé la phrase « Pollueur-payeur, la finance doit changer le changement climatique puis le peuple » : « L’économie capitaliste emmène tout le monde droit dans le mur, estime cet enseignant. L’exploitation de la terre et de l’homme à outrance pour la recherche d’un profit mal réparti engendre une escalade, la terre s’épuise. Gilets jaunes, syndicats… on n’est peut-être pas d’accord sur le « comment agir », mais cela me semble totalement secondaire à l’heure actuelle. »
« La nécessité, pour tous les travailleurs précaires, chômeurs ou étudiants de porter des revendications collectives » (...)
Des fumigènes sont craqués à l’avant. Les CRS, lourdement armés, sont sifflés et invectivés. Au bord du jardin des Tuileries, les forces de l’ordre chargent et frappent, matraques en main. « Ne courez pas, restons calmes », crient des manifestants afin d’éviter un mouvement de foule trop important. Les CRS se replient, et le cortège reprend sa marche en avant, se déversant aux alentours de 16 heures sur la place de la Concorde. Après 17 heures, plusieurs tirs de gaz lacrymogènes dispersent les participants et l’agrégation de leurs mécontentements. (...)
Lire aussi : Manif du 5 février : convergence en construction Enfin, les syndicats sont sortis du bois. Et ça se voit. Des dizaines de milliers de manifestants ont ainsi répondu présent à l’appel, notamment, de la CGT, de FO, de FSU et de Solidaires, mais aussi des lycéens et des étudiants.
Une foule dense — impossible de la dépasser dans l’étroit parcours allant de l’hôtel de ville à la Concorde —, mais, malgré tout, divisée. 30.000 personnaes à Paris selon la CGT. Près de 300.000 dans tout le pays. Devant, le cortège de tête fait sa réapparition. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le "black bloc" était là en nombre, en force. En fin de manif, les syndicats, nombreux aussi. Entre les deux, un subtil mélange de gilets jaunes — très nombreux — et de citoyens sans signe distinctif, ces derniers formant le gros des manifestants.