
De Bercy aux Champs-Elysées, ils ont voulu faire les "soldes" à leur façon : environ 8.000 "gilets jaunes", visiblement remobilisés, ont battu le pavé parisien d’abord dans le calme avant les quelques heurts dans l’après-midi. Le récit de l’acte 9 dans les pas du cortège.
Au petit matin, les Champs-Elysées, point de ralliement récurrent des "gilets jaunes", se figent de nouveau dans un périmètre de sécurité renforcé pour ce 9e acte de la mobilisation. Il est 8h30 et des "gilets jaunes" se sont donnés rendez-vous sur la célèbre avenue où doit converger plus tard un cortège. Pour Patrick, 37 ans, venu de Savoie, c’est sa "première fois" à Paris. "On voulait voir au moins une fois de nos propres yeux ce qu’il se passait ici", explique-t-il.
– 11H00 : coup d’envoi de la marche des "soldes" à Bercy -
Plusieurs centaines de "gilets jaunes" s’élancent du parvis du ministère de l’Economie à Bercy, point de départ d’une longue marche dans Paris à l’appel notamment d’Eric Drouet, l’une des figures du mouvement lancé il y a deux mois. Leur mot d’ordre ? "On va faire les soldes à Paris !". (...)
Le groupe Action antifasciste Paris Banlieue s’est lui aussi donné rendez-vous à 11H00 à Bercy, avant d’autres actions organisées contre un rassemblement du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire, prévu à 18H00.
– 12H00 : des milliers de manifestants à Bastille -
Sous les sifflets et aux cris de "Macron démission", le cortège rallie bruyamment la place de la Bastille, mais toujours dans le calme, a constaté un journaliste de l’AFP. Puis les "gilets jaunes" poursuivent au pas de charge leur marche dans Paris, en direction des Champs-Elysées, emmenés par un service d’ordre porteur de "brassards blancs". "Il y a un regain assez formidable depuis une semaine et qui va encore s’accentuer", prédit Thibault Devienne, 23 ans, un "gilet jaune" de Juvisy.
– 14H00 : arrivée du cortège à l’Etoile -
Après une traversée de Paris sans incident notable, le cortège arrive finalement vers 14H00 à destination, sur les Champs-Elysées et le rond-point de l’Etoile, aux cris notamment de "Castaner nique ta mère". Dans le ciel gris de Paris, un hélicoptère survole la zone, ceinturée par les forces de sécurité. Très rapidement, la situation se tend. (...)
- 14H30 : premiers heurts autour de l’arc de triomphe -
Avenue de Wagram, les manifestants lancent des projectiles sur les forces de l’ordre qui répliquent par des tirs de gaz lacrymogène. La plupart sont venus équipés : casques, masques et fumigènes pour certains.
Un blessé est exfiltré de la place de l’Etoile, sous une couverture de survie, par des secours bénévoles. "Il s’est pris une balle de flashball", affirme à l’AFP l’un des secouristes en t-shirt et casque blanc. Une femme blessée à la tête est quant à elle évacuée sur un fauteuil roulant par deux pompiers, a constaté un journaliste de l’AFP. Une équipe de journalistes a également été prise à partie.
– 16H00 : canons à eau et lacrymogènes -
Les tensions se concentrent également sur l’avenue de Friedland où les forces de l’ordre font reculer les quelques centaines de manifestants qui arrivent depuis la place de l’Étoile. Ils sont repoussés à renfort de gaz lacrymogène jusqu’à la gare Saint-Lazare.
Parmi ces "gilets jaunes" peu semblent enclin à l’affrontement avec les forces de l’ordre et se dispersent rapidement, a rapporté une journaliste de l’AFP. Mais les plus motivés continuent à jouer au jeu du chat et de la souris avec les forces de l’ordre, qui font un usage intensif du canon à eau. (...)
Avenue Marceau, l’acte 9 se termine sur le ton de la rigolade : "bon ben à samedi prochain", lance un petit groupe à des CRS en retrait. "Ça marche", leur répondent les fonctionnaires.