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Attac33/ le p’tit grain N°369
À PAU, ON EST DEBOUT AUSSI !
Par notre envoyée spéciale Josette Touzet
Article mis en ligne le 12 avril 2016

Z’avez entendu parler de ce qui s’est passé à Pau, autour du MCEDD (sommet pour le développement de l’exploitation pétrolière en eaux profondes) ?
Non ?
Non ! Rien !
Heureusement qu’Attac est là pour vous donner les nouvelles.
Faut dire qu’Attac France faisait partie des organisateurs des actions non violentes (avec 350.org, Alternatiba, Amis de la Terre, BIZI, Chrétiens unis pour la terre, Emmaüs-Lescar-Pau etc.) qui visaient à empêcher le déroulement du sommet, du 5 au 7 avril, et dénoncer la véritable provocation, consistant à organiser un tel sommet, quatre mois après la COP 21.

Ainsi, dès le 1er jour, des activistes ont tenté d’en bloquer l’ouverture. Trois ont réussi à s’introduire à l’intérieur du Palais Beaumont, enchaînés (mais pas déchaînés), pour expliquer à l’auditoire le scandale de ce sommet. Ils se sont exprimés 10 minutes (belle performance), avant d’être tendrement expulsés. Dehors, la température montait, en parallèle du réchauffement climatique.
Grâce à un anticyclone de robocops, venu de l’Ouest du Palais, façon ouragan plutôt que « doux alizées » et porteur de particules lacrymos. Quelques visages tuméfiés, quand même, parmi les activistes pacifiques et des regards mouillés…

Le 2è jour, l’après-midi tranquille a vu se dérouler une belle chaîne humaine, digne et responsable, de tous âges et toutes classes. (Si vous aviez vu mon chaînon de gauche, d’un âge certain, très BCBG, étole en cachemire, canne et chienchien…).
Des chansons au texte bien tourné, des slogans bien sentis, deux chars « pétroliers », façon carnaval, devant des brochettes de policiers, qui semblaient être enfermés derrière les grilles. Je n’en ai pas vu prendre des notes des beaux textes que nous portions à leurs oreilles, mais ils ont bien entendu, je crois.
Le tout suivi d’un concert, en camion ambulant.

La nuit de ce 2è jour, les congressistes ont été réveillés, à plusieurs reprises, par des sirènes, actionnées par les activistes qui avaient pénétré dans leurs hôtels. Pendant que d’autres s’étaient infiltrés dans le Palais avec mégaphones et cornes de brume.

Au petit matin du 3è jour, les activistes les plus entraînés ont empêché les congressistes de se rendre au Palais, en se menottant à leur attaché-case et au camion-logistique de l’entreprise organisatrice, et en occupant les voix d’accès. Ils ont même immobilisé et conservé une camionnette qui transportait du matériel technologique de démonstration, décorée de slogans et entourée de quelques « morts », simulés.
Vers 12h30, un « die-in » géant se mettait en place, « théâtralement », avec trois commédien(e)s, dans le rôle de PDG d’industrie pétrolière. Au mégaphone ils(elles) répétaient, en boucle, leur discours˟ au milieu des gens qui s’écroulaient au fur et à mesure, sous des panneaux de température qui montait, seuls les trois restaient debout, jusqu’à ce que la Mort les fauche : trois belles « faucheuses » en noir, qui abattaient leur faux sur eux (pas de marteau, ici).

Ce ne sont pas les policiers, mais la pluie qui a fini par nous ressusciter, et DEBOUT, sous les bâches, nous avons longuement et puissamment exprimé notre refus et la grande contradiction entre ce qui a été signé à la COP 21 et ce qui s’organisait dans ce sommet. Ponctué par un discours de Txetx Etcheverry, synthétique et percutant, informant les représentants des industries extractives, que Pau était le départ d’une longue mobilisation combative que les citoyens du monde entier mèneront, jusqu’à la fin de l’extraction meurtrière.

Voilà donc les informations que les médias ne vous ont pas données. Je vous invite à consulter le détails sur « ANV COP21 ».

Je dois dire que j’ai été fortement impressionnée par l’organisation de ces actions remarquables, organisées à partir du « camp sirène », lieu de formation de désobéissance civile, de vie collective et respectueuse (de l’autre, de l’environnement), situé dans l’espace d’ « Emmaüs-Lescar-Pau », lui-même un modèle de « construction » - dans tous les sens du terme – du « vivre-ensemble » dans l’équité et le respect.

La maturité, la responsabilité, le courage et la sérénité dont font preuve les organisateurs et activistes de ce mouvement de désobéissance civile, me portent à croire que c’est là « le nœud » de notre action militante et lèvent un vent d’espoir.

˟si vous voulez refaire ce scénario, quelque part, je tiens à votre disposition le texte du PDG, que j’ai déclamé pour l’occasion, sans droit d’auteur.