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A Notre Dame des Landes : « Vivons l’instant présent »
Article mis en ligne le 8 juillet 2014

Le projet d’aéroport s’essouffle et permet de commencer à réfléchir sur l’après : que faire de tout ce qui a été créé durant ces années de lutte ? Un questionnement omniprésent durant le rassemblement estival sur la Zad, les 5 et 6 juillet.

(...) Sous un barnum, au milieu d’un pré d’herbe humide, une vingtaine de personnes s’est assemblée en rond, pour en discuter. Ici, des membres de comités de soutien, là des paysans et quelques occupants de la zone. Personne ne souhaite un retour à la vie normale, si le projet est abandonné : rentrer chez soi, bien au chaud et se remémorer les années de luttes. Non, il y a ici une dynamique qui ne demande qu’à perdurer : celle d’une construction commune, lieu de partage et de vie (...)

Beaucoup de choses et notamment se lier aux agriculteurs et aux habitants du coin, malgré les différences et les conceptions dissemblables du monde. Ce lien, on le sent fort ce dimanche, à la ferme de Bellevue.

Occupée depuis janvier 2013, elle accueille en ce deuxième jour de fête une discussion sur la façon d’habiter et de faire vivre une ferme commune dans un territoire en lutte. Il fait beau, aujourd’hui. Sous un Tivoli, proche du hangar qui abrite le foin, occupants et paysans se taquinent, se sourient. Parfois, les plus anciens éclatent de rire aux interventions drôles et spontanées des jeunes occupants. La cohabitation entre tous n’est pas toujours rose mais elle fonctionne.

Gérer les terres collectivement

L’avenir des terres reste incertain. La crainte est de les voir redistribuées de manière classique. Alors, les collectifs continuent leurs efforts pour en faire un bien commun, géré collectivement. En octobre 2014, vingt-quatre hectares ont été semés sur des « zones travaux », destinées à être bétonnées. Ces terres, cédées par les anciens agriculteurs à Vinci, n’étaient plus cultivées depuis 2012.

D’autres semis sont prévus pour début septembre, financés grâce aux dons. L’Adeca (Association de défense des exploitants concernés par l’aéroport), Copain (Collectif des organisations professionnelles agricoles indignées) et Sème ta Zad ont aussi proposé de racheter les terres collectivement via une SCI (société civile immobilière), dans laquelle chacun peut avoir une part.

Là est toute la difficulté : entrer dans le système pour mieux le combattre, ou continuer à lutter, si ce n’est pour l’aéroport, au moins pour « son monde » en refusant la légalité. « Pas besoin de théoriser, déclare un habitant de la Zad. Vivons l’instant présent, simple mais réel. C’est le seul endroit où on puisse le faire. »