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Europe1
À Nanterre, du béton déversé directement dans la Seine
Article mis en ligne le 25 avril 2019

Selon nos informations, le chantier du RER E-Eole, qui doit prolonger cette ligne vers l’ouest de Paris, est visé par une plainte suite à des rejets délibérés de ciment dans les eaux du fleuve.

Pris en flagrant délit... de pollution. Lors d’une inspection de routine sur les berges de la Seine, en mars, un garde-pêche assermenté de l’association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPMA 92 & 75 ouest) a découvert un rejet de ciment dans les eaux de la Seine, selon les informations recueillies par Europe 1. À Nanterre, sur le site de fabrication du béton qui alimente le chantier d’extension du RER E-Eole La Défense, les eaux de nettoyage des cuves des camions toupie étaient déversées dans une grande fosse à ciel ouvert, creusée à même le sol.
"Je suis dégoûté que ce genre de choses puisse encore arriver"

Ces eaux chargées de résidus de ciment se déversaient ensuite directement sur la berge et dans la Seine en contrebas, le grillage clôturant le chantier ayant même été volontairement dégradé pour mieux faciliter cet écoulement, selon les constatations effectuées sur place. Cette centrale à béton, exploitée par le groupement E-DEF, appartient à Vinci Construction et se situe... dans la même avenue que le siège du groupe, à quelques centaines de mètres seulement.

Les gardes-pêche estiment que ces rejets de béton en milieu naturel auraient commencé début 2018. (...)

Un système de recyclage plein, et donc hors service

Sollicité par Europe 1, le groupe Vinci indique avoir été alerté de cet incident "anormal, inhabituel et regrettable" à la mi-mars, le jour de la découverte, et avoir lancé une enquête interne. Interrogé par la police, le responsable par intérim du chantier a, lui, d’ores et déjà avancé une hypothèse : le système permettant le recyclage des eaux de nettoyage était plein, et donc hors service. (...)

D’après nos informations, l’association AAPMA 92 & 75 Ouest ainsi que la Fédération de Paris pour la pêche et la protection du milieu aquatique ont porté plainte pour abandon de déchet, rejet en eau douce de substance nuisible au poisson et destruction de frayère. Ces délits prévus par le code de l’environnement peuvent entraîner des sanctions allant jusqu’à deux ans de prison et 75.000 euros d’amende.

A Nanterre, Vinci indique avoir pris des mesures pour stopper la pollution et tenter de nettoyer la berge.
Des rejets de plus en plus courants

Et ce cas est malheureusement loin d’être isolé : selon un rapport de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), publié en février, les rejets en milieu naturel ou dépôts sauvages de déchets de ce type se multiplient ces dernières années. En France, on estime que plus de 80.000 tonnes de déchets sauvages par an sont ainsi jetés dans la nature.

Les profils des pollueurs sont multiples, du simple particulier qui ne veut pas aller à la déchèterie jusqu’aux délinquants spécialisés dans le trafic de déchets. (...)