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A Montgenèvre, maraude aux confins de la République pour venir en aide aux migrants
Article mis en ligne le 6 mai 2019

Ce col des Hautes-Alpes est un des tout derniers points de passage vers la France pour les exilés – majoritairement originaires d’Afrique de l’Ouest – qui quittent l’Italie du populiste Matteo Salvini.

Au crépuscule, la frontière offre au regard de Mila* un paysage incertain avec ses taches d’ombres, de brume et de neige. Cachée sous un rocher moussu, elle peut voir, derrière un col encore enneigé, percer les lumières de Clavière, premier village italien. C’est de là que doivent arriver dans la nuit trois hommes originaires d’Afrique de l’Ouest qui souhaitent rejoindre la France. Cette nuit, Mila, 37 ans, est de maraude.

Arrivée récemment dans la région, elle a rejoint un collectif informel et changeant, sans liste de membres ni chef, qui, de nuit en nuit, veille pour indiquer le chemin aux migrants perdus, faire en sorte qu’ils atteignent leur destination, la ville voisine de Briançon. Si ces derniers sont interceptés par les gendarmes armés de fusils d’assaut et de lunettes thermiques, déployés aux alentours, ils seront renvoyés de l’autre côté, sans avoir pu demander l’asile. (...)

Le col de Montgenèvre est un des tout derniers points de passage vers la France pour les exilés, majoritairement originaires d’Afrique de l’Ouest, qui quittent l’Italie du populiste Matteo Salvini. (...)

En contrebas de la pente où Mila s’est postée, la neige s’étale toujours hors du couvert des arbres en profondes nappes de froid luisant. Elle regarde vers l’Italie. D’autres, comme elle, sont postés ailleurs autour de Montgenèvre – qui, dans l’ordinaire des jours, n’est rien d’autre qu’une station de ski huppée. Ils surveillent les mouvements de la police ou se tiennent prêts à servir de leurres. (...)

Refuge solidaire de Briançon. Cette structure associative soutenue par la communauté de commune est la destination de la plupart de ceux qui traversent clandestinement cette portion de la frontière depuis 2017. « D’un côté il y a le soutien des maires, et de l’autre la pression policière… », souffle Mila, tandis que le froid se durcit. (...)