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l’Humanité
A Gaza : « Je demande aux pays du monde de protéger nos enfants »
reportage à Jabaliya, quelques km à l’est de Gaza city Pierre Barbancey Samedi, 19 Juillet, 2014
Article mis en ligne le 20 juillet 2014

Au moins 41 Palestiniens ont péri, ce samedi, dans des frappes israéliennes contre la bande de Gaza. Reportage à Jabaliya des milliers de personnes tentent d’échapper au massacre alors que les bruits sourds des chars israéliens résonnent sans discontinuer. Gaza (territoires palestiniens), envoyé spécial

Cette nuit, l’armée israélienne s’est encore déchaînée. Les fusées éclairantes embrasaient le ciel alors que les bruits sourds des tirs de chars résonnaient sans discontinuer. Comme un boucher qui aplatit la viande pour mieux l’attendrir. Déjà 312 Palestiniens tués. 80% sont des civils. Beaucoup de femmes et d’enfants. L’opération, lancée jeudi soir après dix jours de bombardements, a fait 65 tués côté palestinien, dont 15 étaient âgés de moins de 18 ans. Côté israélien, deux morts : un soldat et un colon. Pour la seule journée de vendredi, 52 personnes ont trouvé la mort dans la bande de Gaza. Bloody Friday ! (...)

Si le centre de Gaza city est épargné, les quartiers périphériques - ceux qui s’étendent jusqu’à la frontière avec Israël, à l’est - en revanche sont sous le feu incessant de l’artillerie et des blindés israéliens. Au nord, c’est l’enfer. (...)

Sofiane Juda arrive de al-Attatra, la dernière localité palestinienne au nord de la bande de Gaza, particulièrement exposé. Il raconte : « Hier, vers cinq heures du matin, les chars israéliens sont entrés à al-Attatra. Ils ont tiré sur les maisons, sur les gens et même sur les vaches. Ils ont lancé des gaz qui nous empêchaient de respirer. Il a fallu qu’on parte précipitamment, sans rien pouvoir emporter. Mon oncle a été tué et on n’a pas pu emmener son corps. Il git là-bas, sans sépulture. » Sandrella Saleh vient de Beit Hanoun. Elle parle aussi de ces gaz suffocants. Très certainement des gaz lacrymogène particulièrement puissants comme ceux utilisés par les Britanniques en Irlande lancés par un MK-19, évidemment de fabrication américaine. « Une grenade est entrée dans notre maison, déplore la jeune femme en faisant la queue pour s’inscrire auprès de l’UNRWA. « Mes enfants sont particulièrement affectés, ils sont très nerveux et développent des tics depuis cette nuit, se plaint-elle. Moi-même, je suis enceinte de quatre mois, je ne sais pas ce qui va se passer. » Son mari est resté à Beit Hanoun. « Il dit qu’il préfère mourir sur place" (...)

Hannan el Assari, arrive elle de Soudaniya, un quartier tout proche de Gaza qui s’étend jusqu’à la mer. « Hier, des bateaux et des hélicoptères ont tiré sur nous, des balles ont traversé la maison », se souvient-elle encore tremblante, ses enfants regroupés autour d’elle. « Pas très loin, la résistance a commencé à répliquer en tirant sur les Israéliens qui tentaient d’avancer en lançant des fusées éclairantes. Les combats se sont arrêtés vers 2h30. On avait tellement peur. Ma fille de 14 ans s’est fait pipi dessus. Deux autres de mes filles sont maintenant à l’hôpital tant elles étaient choquées. » Elle demande au journaliste de transmettre son appel. « Je demande aux pays du monde de protéger nos enfants. Quand je regarde mes filles, je me demande qui va mourir la première. Nous ne sommes que des civils. » (...)