
mardi 13 février au tribunal correctionnel de Bar-le-Duc (Meuse) se joue un nouvel épisode dans la bataille judiciaire que semblent mener les pouvoirs publics contre les opposants à la poubelle nucléaire de Bure.
Deux procès, trois accusés, qui viennent s’ajouter à la longue liste des interpellés, gardés à vue, mis en examen, condamnés, qui s’allonge au fil des mois. Premier volet de cette énième audience, deux sexagénaires, retraités et militants historiques de la lutte antinucléaire, comparaissent pour dégradation du bien d’autrui commise en réunion et refus de prélèvement ADN. D’après l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), à l’origine de la plainte, ils ont activement participé le 14 août 2016 à l’abattage d’un mur dans le bois Lejuc, censé protéger la zone où elle projetait alors de réaliser les travaux préparatoires au chantier de Cigéo.
omme l’avait raconté Reporterre, ce jour-là, 400 personnes se sont livrées à « un acte de sabotage collectif et joyeux », renommé poétiquement « la chute du Bure de Merlin ». Trois générations étaient présentes, des locaux, des militants historiques, des jeunes, des paysans, certains masqués, d’autres non, contre ce mur, symbole du passage en force de l’Andra. Quelques semaines plus tôt en effet, le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc avait condamné les défrichements illégaux de l’Andra et enjoint l’agence à réhabiliter la forêt dans un délai de six mois.
« Des centaines de mauvaises photos pixelisées prises par hélicoptère ne veulent rien dire »
Pourquoi alors cibler deux personnes en particulier parmi les centaines présentes ?
D’après le ministère public, les deux prévenus ont été identifiés grâce à des photos prises depuis un hélicoptère de la gendarmerie : « Un était vu en train de tirer sur une corde afin de faire tomber des éléments du mur, l’autre apparaissait en train de donner des directives », a détaillé Olivier Glady, procureur, à nos confrères de L’Est républicain.. L’Andra a chiffré les dégâts à 1,6 million d’euros.
Pour Me Ambroselli, l’avocat des deux opposants, « ce procès vise, en désignant deux boucs émissaires, à diviser l’ensemble du mouvement. Ils ont choisi de poursuivre non pas des “casseurs”, non pas des “zadistes”, mais deux retraités connus comme le loup blanc, engagés de longue date, pour faire peur à tous les militants associatifs ». Une opposante abonde : « Ce qui gêne les pouvoirs publics, c’est cette union entre des citoyens qui privilégient les moyens légaux de lutte, et d’autres, plus tournés vers la désobéissance civile. » Faire peur pour faire taire, attaquer en justice pour diviser sur le terrain. (...)