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A Bû, un silo géant et inutile - sauf pour la spéculation
Article mis en ligne le 22 mars 2014

Un silo existe déjà à Bû, en Eure-et-Loir. Mais Mme la Maire, et une grosse firme agro-industrielle, veulent en construire un nouveau beaucoup plus imposant. En agissant à la limite de la loi, et en cachant l’information aux habitants.

La pancarte à l’entrée du chantier annonce un centre de collecte de céréales. Pourtant, la commune en possède déjà un, situé dans le cœur même du bourg, quelques centaines de mètres plus loin. Depuis trente ans, les agriculteurs locaux stockent leurs récoltes dans ce silo d’une capacité de 1 500 tonnes. Pourquoi en implanter un nouveau, dont la capacité, huit fois supérieure, dépasserait le volume annuel des récoltes qui atteignent à peine les 10 000 tonnes ? Des citoyens ont mené l’enquête : « Le nouveau silo n’a plus cette vocation de stockage agricole, mais doit servir de plateforme pour du trading de graines. Derrière son statut de coopérative agricole, le propriétaire [Interface céréales est en fait une société de commerce qui vend des centaines de milliers de tonnes de céréales, dont certaines sont exportés vers l’Afrique notamment », explique Tania Saillard. A la tête d’Interface Céréales, le vice-président Jean-Jacques Vorimore fut par le passé président de France Export Céréales et secrétaire générale de l’association générale des producteurs de blé ([AGPB-http://www.agpb.com/]).

Le chiffre d’affaires d’Interface Céréales serait conséquent : 325 millions d’euros comme l’a indiqué Politis. De quoi investir les trois ou quatre millions d’euros que représente ce projet. Mais, avec quarante silos dans un rayon de trente kilomètres, le nouvel équipement doit être compétitif : « Ils sont dans une logique concurrentielle visant à récupérer des parts de marché. Pour que cela soit rentable, il faut faire beaucoup de tonnage et multiplier les rotations d’entrée/sortie », a calculé Oleg Kraïowsky. Pour ce faire, il est prévu un mastodonte d’une capacité de 12 000 tonnes et haut de 37,5 mètres, « de quoi rivaliser largement avec le clocher de l’église… ».

Au rayon des conséquences environnementales, ce n’est tant la destruction de 2 000 m2 de terres agricoles – sur lesquels on cultivait les oléagineux de la région, blé, orge ou colza – qui inquiète : « On est déjà touché par le syndrome de l’agro-industrie ; les céréales sont largement traitées et il y a très régulièrement des épandages. Depuis que je suis arrivé ici en 2000, j’ai vu disparaître les abeilles et les papillons à mesure qu’on utilise des pesticides », raconte Loek Truffaut.

Ce sont justement ces produits phytosanitaires, qui pourraient être stockés également dans le nouveau silo, qui préoccupent majoritairement les opposants. (...)