
Une enquête de l’ONG Corporate Europe Observatory fait le compte des anciens membres de la commission Barroso recasés au sein des multinationales et de leurs officines. Des "Revolving doors" totalement banalisées entre deux mondes qui n’en font qu’un.
Les illustrations de la très antidémocratique proximité entre les institutions européennes et les lobbies industriels ou financiers ne manquent pas. Tout récemment, l’affaire Volkswagen en a fait la démonstration : on apprenait ainsi, en début de semaine, que la Commission avait délibérément ignoré l’alerte, tandis que le Parlement votait, lundi, contre une commission d’enquête.
Pour saisir l’ampleur de la porosité entre les deux milieux – qui n’en font d’ailleurs qu’un à bien des égards –, la notion de revolving doors (portes tambour) est particulièrement efficace. L’association Corporate Europe Observatory (CEO) vient ainsi de publier une édifiante enquête sur le parcours des membres de la Commission Barroso II, dont le mandat s’est achevé en octobre 2014.
Un commissaire à l’Environnement chez les agrochimistes
On y apprend que 9 sur 27 – soit un tiers – des anciens commissaires ont pris des fonctions dans (ou auprès) de grandes entreprises privées. Pour un total de… 98 fonctions, le cumul ne les rebutant pas. Si 37 de ces transferts ont fait l’objet d’un examen par le Comité d’éthique, celui-ci n’en a empêché aucun. (...)
Le cas le plus effarant est peut-être celui du Slovène Janez Potočnik, ancien commissaire à l’Environnement, que l’on retrouve aujourd’hui au sein du Forum for the Future of Agriculture, lobby créé par… l’agrochimiste Syngenta. Parmi les secteurs rejoints par les ex-commissaires, celui de la finance se taille, sans surprise, la part du lion (...)
La "bulle de Bruxelles", écrit l’organisation, « conduit à une proximité relationnelle malsaine entre législateurs et sujets de la législation ». Les revolving doors qu’empruntent les commissaires européens sont d’autant plus problématiques que ceux-ci concentrent les plus grands pouvoirs, les lois et les règlements qu’ils promulguent affectant la vie de 500 millions de citoyens… Leur liens directs avec les intérêts des multinationales et des organisations qui les défendent démontrent que le conflit d’intérêts est quasiment le mode de gouvernement de l’Union européenne, sans même que ces liens aient besoin d’être dissimulés tant ils relèvent de la normalité bruxelloise.