
À Besançon, association Solidarité Femmes a organisé vendredi 2 novembre un rassemblement en hommage à Razia, réfugiée afghane assassinée en pleine rue le 30 octobre à l’âge de 34 ans. Razia qui, malgré sept plaintes, n’a pas été protégée de la violence de son mari, principal suspect qui a été arrêté le même vendredi à l’aéroport d’Athènes. Voici les interventions prononcées.
(...) Razia a dû un jour quitter l’Afghanistan et un long chemin l’a conduite en France à Toulon, Marseille puis il y a un an à Besançon où elle espérait trouver une protection contre les violences répétées du père de ses enfants, et où enfin, une ordonnance de protection lui a été accordée cet été.
Cette ordonnance contraignait monsieur à ne plus approcher Razia, ce qui constituait un délit passible de deux ans de prison. Il n’a pas respecté cette contrainte. Sur sa plainte il a été entendu par la police, mais une fois encore, malgré l’ordonnance de protection, c’est la parole de monsieur qui a été entendue, pas celle de Madame.
Il a été laissé en liberté…. Jusqu’à cet assassinat.
Quand accordera-t-on de l’importance à la parole des femmes ?
Quand les femmes seront-elles aussi importantes que les hommes ?
Quand fera-t-on confiance à la parole des personnes qui accompagnent les femmes victimes de violence, qui connaissent leur histoire, qui sont formés à cette écoute spécifique et qui ont l’expérience nécessaire pour évaluer le niveau du risque qui les menace ?
Quand sortira-t-on de l’obligation de fournir des preuves matérielles ? (...)
Une femme, une mère de famille, a été assassinée mardi. Une femme hébergée à Solidarité Femmes Besançon depuis plus d’un an. Qui avait été mise en sécurité par plusieurs associations. Une femme qui avait fui dans trois villes successives pour se cacher de son mari violent, pour se mettre en sécurité et protéger ses enfants. Qui avait, chaque fois, tout recommencé avec force, courage, détermination, malgré sa peur et malgré les menaces. Qui faisait des projets, inscrivait ses enfants au club de judo et les emmenait en sortie.
Une femme qui avait déposé 3 plaintes à Marseille. Puis 4 plaintes à Besançon. Violences volontaires sur conjoint. Violences aggravées. Menaces de mort réitérées.(...)
Razia avait dit à l’Association combien elle avait peur, combien elle était en colère que son agresseur ne respecte pas la décision de justice lui interdisant de l’approcher. Combien elle était persuadée qu’il finirait par la tuer. Une femme qui avait tenté de signaler sa peur et de nouveaux faits auprès des services de police à la fin de l’été.
Razia qui n’a pas été reçue par la police, parce qu’il n’y avait pas le temps, et parce qu’après, c’était les congés, alors on verra. De toutes façons, il n’y a pas d’éléments. De toutes façons, l’histoire n’est pas claire. De toutes façons, on s’agite pour rien. De toutes façons, il y a plein de femmes qui mentent. De toutes façons, beaucoup d’étrangères font ça pour obtenir des papiers.
Razia n’a pas été protégée. Elle n’a pas eu la sécurité qu’on lui avait promise.(...)
7 plaintes. 3 villes différentes. 1 ordonnance de protection. Elle a été assassinée mardi, un peu après midi.