
« Les relations gréco-allemandes ont été plutôt agitées, je dirais », a admis Angela Merkel lors de son ultime déplacement à Athènes, en tant que chancelière, vendredi 29 octobre. A demi-mot, elle a exprimé des regrets, dit avoir eu « conscience des contraintes et des défis auxquels les Grecs avaient été confrontés » pendant la cure d’austérité destinée, de 2009 à 2018, à consolider la stabilité de l’euro. Mais elle a aussi noté que l’ajustement aurait été moins brutal si la Grèce avait entrepris des réformes clés en période de prospérité et affirmé avoir tout fait pour que ce pays reste dans la zone euro. En septembre, lors d’une conférence en Allemagne, Angela Merkel s’était montrée plus explicite en avouant que « le moment le plus difficile » de son mandat avait été lorsqu’elle avait « tant demandé à la Grèce ».
(...) en 2010, le ministre allemand des finances de l’époque, Wolfgang Schäuble, soutenu par Angela Merkel, avait exigé d’Athènes des coupes budgétaires et des hausses d’impôts drastiques en échange de trois plans de sauvetage internationaux de plus de 300 milliards d’euros. Des privatisations sont alors lancées à tour de bras pour renflouer les caisses de l’Etat, les retraites diminuent, le chômage explose, des pénuries de médicaments et un manque d’effectif affectent les hôpitaux, le salaire minimum tombe à un peu plus de 500 euros… (...)
Angela Merkel est ainsi très vite devenue « la dame de fer », « l’une des femmes les plus détestées » du pays comme l’a rappelé, jeudi, le tabloïd allemand Bild. Au plus fort de la crise, en 2012, la chancelière était accueillie en Grèce par un large rassemblement anti-austérité avec des croix gammées nazies et des caricatures la représentant avec une moustache d’Hitler. En parallèle, des médias allemands dépeignaient les Grecs comme des fainéants, et sur la « une » du magazine Focus, la Vénus de Milos faisait un doigt d’honneur à la Grèce.