
John Sato, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale âgé de 95 ans, a pris quatre autobus pour aller participer à une marche contre le racisme dans le centre d’Auckland (Nouvelle-Zélande), à la suite des attentats de Christchurch, en mars 2019. Cette histoire, qui prouve que des gens ordinaires sont capables de faits extraordinaires, a fait la une des journaux dans le monde entier. Il explique à Amnesty International, dans cet article, que l’amour, l’espoir et la compassion l’ont conduit à accomplir ce périple.
Je m’appelle John Edward Henry Sato. J’ai 95 ans. Comment suis-je arrivé ici ? Eh bien, on m’a dit que c’est une cigogne qui m’a amené. Ma mère est née en Écosse et mon père au Japon. Ils ont tous les deux participé à la Première Guerre mondiale. Ma mère était infirmière et mon père était dans la marine japonaise. Ils ont fini par s’installer en Nouvelle-Zélande.
Je me rappelle que quand j’étais petit, les enfants issus de parents de races différentes étaient appelés des « sang-mêlé », et j’ai entendu des gens utiliser le terme « daegos » [un terme péjoratif désignant les immigrants italiens] pour parler des personnes ayant des origines italiennes. Mais je n’ai jamais entendu de méchancetés à mon sujet.
J’ai été un enfant maladif, très asthmatique, mais cela ne m’a jamais dissuadé d’aller à l’école. (...)
Je ne suis pas un petit cœur sensible ni un bon samaritain, mais je ressens de la compassion pour les gens.
Quand on a soi-même traversé des choses difficiles, on apprend à le reconnaître chez les autres. C’est peut-être une bonne méthode éducative. Les gens dressent des murs entre eux, et c’est en grande partie dû à l’ignorance ou à une représentation négative dans les médias. Aux informations, on n’entend que des mauvaises nouvelles et des choses moches. On en oublie qu’il y a tellement de belles choses et de bonnes personnes dans ce monde. (...)
On est tous capables de supporter un certain nombre d’épreuves. Il y a eu des moments où je me suis demandé pourquoi certaines choses m’arrivaient à moi, des choses émotionnellement douloureuses, mais maintenant je comprends que ces épreuves que j’ai traversées m’ont enseigné la compassion et la tolérance. On apprend énormément quand on traverse soi-même beaucoup de choses.
Je ne peux pas apprendre à d’autres personnes comment elles doivent penser, sentir et se comporter, car nous sommes tous différents ; c’est pour cela que nous avons notre propre chemin à suivre et que nous devons faire de notre mieux.
Nous sommes tous différents, et certains peuvent s’orienter dans une autre direction que celle que j’ai suivie, mais j’ai tendance à penser qu’il y a encore de l’espoir pour l’avenir. (...)