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Non-Fiction
70 ANS Hiroshima, objet littéraire au Japon
Article mis en ligne le 11 août 2015
dernière modification le 7 août 2015

Hiroshima et Nagasaki inspirent les artistes depuis soixante-dix ans. Aux côtés des célèbres Hiroshima, mon amour de Marguerite Duras ou du manga Gen de Hiroshima de Keiji Nakazawa (1939-2012), les deux villes atomisées ont marqué la littérature japonaise et furent à l’origine d’un genre littéraire, le Genbaku bungaku (littérature de la bombe atomique), qui désigne les écrits relatifs aux deux bombardements nucléaires, quelle que soit leur nature, et quel que soit le profil des auteurs. Si on recense en effet dans cette catégorie les témoignages des hibakusha (les survivants de la bombe) s’y est greffé au fil des ans une série de textes associant fiction et réalité, et prenant pour décor les deux villes.

Les survivants

La première génération des écrivains de la bombe est composée de survivants des bombardements, qui ont rapporté leurs propres expériences. Elle dut faire face aux restrictions imposées par la censure, et c’est pourquoi de nombreuses œuvres furent soit publiées après 1952 et la fin de l’occupation américaine, soit de manière confidentielle afin d’éviter les interdictions. (...)

Malheureusement non traduits en français, les écrits de ces auteurs ont une valeur historique considérable en ce qu’ils saisissent la période suivant de peu les explosions nucléaires, et nous fournissent de précieux renseignements sur l’ampleur de la destruction, l’état des secours, la sinistre découverte des radiations et de leurs effets, ou encore les difficultés matérielles auxquelles les survivants dont ils faisaient partie durent faire face.

Le regard critique

La seconde génération, ou catégorie, a écrit sur la bombe pour évoquer les questions plus sociales et politiques qu’elle soulève, et est généralement composée d’auteurs qui n’ont pas été des témoins directs du feu nucléaire. (...)

Publié en 1965, vingt ans après la fin de la guerre, Notes de Hiroshima de Kenzaburô Oé est de son côté sans doute l’essai le plus célèbre sur Hiroshima, en raison à la fois de la notoriété internationale de son auteur, Prix Nobel de Littérature en 1994 – le seul lauréat japonais après Kawabata en 1968 – et de son contenu. (...)

L’inconnu post-nucléaire

La troisième catégorie de la littérature atomique regroupe des auteurs dont les récits se penchent sur la société dans un monde post-nucléaire (...)

La littérature japonaise reste encore de nos jours profondément imprégnée des références, plus ou moins explicites, à la Seconde guerre mondiale et au colonialisme, perpétuant ainsi dans la sphère littéraire cette période d’après-guerre parfois qualifiée d’après-libération ou encore de post-colonialiste. Hiroshima a dans ces sources d’inspiration une place de premier choix.