
L’Aquarius, affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), a secouru 458 personnes à bord de canots surchargés en détresse dans les eaux internationales au large de la Libye, au cours de trois opérations distinctes mercredi et samedi. Samedi soir, l’Aquarius a par ailleurs reçu un transfert de 79 personnes secourues par un bateau des garde-côtes italiens.
Un total de 537 hommes, femmes et enfants se trouvent actuellement à bord de l’Aquarius, qui fait route vers un « port sûr » en Italie.
La majorité des rescapés, dont de nombreuses femmes et enfants, racontent fuir la Libye en raison de l’insécurité qui y règne. Certains rescapés témoignent quant à eux d’interceptions multiples et parfois tragiques par les garde-côtes libyens en Méditerranée.
Bateaux surchargés et impropres à la navigation
« Deux des bateaux que nous avons secourus ces derniers jours étaient clairement surchargés. D’expérience, nous constatons qu’une moyenne de 120 à 140 personnes sont généralement poussées sur les bateaux pneumatiques. Mais mercredi, ce sont 164 personnes, dont des femmes et des enfants, qui étaient entassées sur un seul canot pneumatique, ce qui est extrêmement dangereux. Une vague aurait pu briser le plancher de bois à tout moment et cela aurait conduit à une autre tragédie en Méditerranée. », a déclaré Nick Romaniuk, coordinateur des sauvetages de SOS MEDITERRANEE. (...)
« Quand nous avons vu le navire de sauvetage de l’ONG, nous pensions tous que c’était les Libyens, tout le monde avait très peur parce que nous savions ce qui allait arriver. Quand je me suis rendu compte que c’étaient des humanitaires qui venaient nous sauver, je me suis dit : après toutes ces souffrances c’est fini, je ne vais pas retourner aux mêmes souffrances. ».
Plus tôt cette semaine, l’Aquarius et son équipage ont été confrontés à plusieurs reprises à des cas de confusion dans la coordination des opérations de sauvetage dans les eaux internationales, impliquant notamment l’intervention des navires de garde-côtes libyens.
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SOS MEDITERRANEE préoccupée par la confusion en mer
« Les opérations de secours de mercredi et samedi montrent clairement qu’il y a encore une grave crise humanitaire en Méditerranée au large des côtes libyennes. Seule une coordination transparente avec les autorités maritimes compétentes, ainsi qu’une collaboration organisée et efficace entre les bateaux de sauvetage humanitaires et les moyens européens opérant dans la zone permettent de sauver des vies, de protéger ces hommes, femmes et enfants en détresse et de les accompagner dans un lieu sûr. » a déclaré Francis Vallat, le président de SOS MEDITERRANEE France.
« SOS MEDITERRANEE reste cependant profondément préoccupée car ces dernières semaines nous voyons de plus en plus les recherches initiées suivant les instructions du centre de coordination des sauvetages en mer italien être interrompues par des interceptions des garde-côtes libyens. Dans ces conditions, la confusion règne, le transfert d’informations ne suit pas toujours, la rapidité des opérations et donc la vie de centaines de personnes en détresse sont gravement mis en péril. Et lorsque des interceptions sont effectuées, elles aboutissent au renvoi inacceptable des personnes vers l’enfer libyen. », a poursuivi Francis Vallat.
Dimanche, suivant les instructions de l’IMRCC, l’Aquarius fait route vers le nord en direction d’un « port sûr », et doit débarquer 537 personnes sauvées dans le port de Trapani lundi matin.