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Greek Crisis
2015 - Bilans et dépôts
Article mis en ligne le 29 décembre 2015

Sur la place de la Constitution à Athènes, on prépare les colis alimentaires des pauvres. Le Père Noël du moment et de circonstance en est déjà bien usé. Triste bilan en somme d’une année 2015 grecque terrible, laissant derrière elle un sillage de débris... c’est-à-dire nous-mêmes et l’espoir, et c’est déjà énorme comme de l’hybris. Et cette exemplification de l’hybris porte (aussi) le nom de SYRIZA, et par extension, celui de la gauche que l’on veuille ou non ; mais c’est ainsi et non pas autrement.

On rappellera que l’hybris est une notion antique que l’on peut traduire par “démesure”. C’est un sentiment violent inspiré par les passions, et plus particulièrement par l’orgueil. Dans la Grèce antique, l’hybris était considérée comme un crime et elle recouvrait entre autres, des violations comme les voies de fait, les agressions sexuelles et surtout le vol de propriété publique ou sacrée. Il n’en reste pas moins que l’hybris constitue la faute fondamentale dans cette civilisation... tout comme dans la nôtre, espérons-le en tout cas.

Il y a ainsi des vies qui s’éteignent, les nôtres, et cependant des gens plus malins, plus salauds ou plus mémorandistes que d’autres, et autant, le nombre si extraordinaire de ce que nous appelons de nos jours trahisons. Dans ce bouquet final de la gauche Syriziste (et plus généralement de la gauche européiste au mouroir du trop Vieux Continent), la remarque qui s’applique sera autant celle de Cornelius Castoriadis (et de Thucydide), s’agissant des trahisons datant de la guerre du Péloponnèse, mais toujours actuelle. (...)

L’année 2015 ne se termine certainement pas comme elle avait pu commencer, cette année dite “de Tsipras” a donc marqué le deuxième grand temps de la crise grecque, celui de la trahison, du mensonge triomphant et de la certitude accablante aux yeux des Grecs... que le monde enfin révolu qui connaissait encore un minimum de pseudo-démocratie est bien derrière nous (le premier grand temps fut l’introduction de la troïka en Grèce en 2010 par Georges Papandreou).

Dans leur immense majorité, les Grecs de l’année 2015 finissante, s’accordent à dire que le gouvernement SYRIZA/ANEL, surtout celui dans sa phase-II (à visage découvert), est le pire gouvernement que le pays ait connu, déjà depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, régime des Colonels compris. C’est un terrible constat que j’entends alors tous les jours, et cela bien au-delà des divisions supposées entre “gens de gauche” et “gens de droite” ; car le sentiment qui domine est celui de la dépossession définitive du pays, du futur, voire de la vie tout simplement. (...)

Infrastructures privatisées (en réalité bradées), étouffement de l’activité restante par la surimposition, para-démocratie forcement anticonstitutionnelle galopante, ridiculisation accrue des mensonges Syrizistes et j’en passe, comme pour son “programme parallèle” que le gouvernement vient de retirer à la demande du... Quartet (Troïka étendue). (...)

Depuis Bruxelles (et depuis Berlin), le message est bien clair : plus aucun texte, ni même alinéa... législatif ne sera présenté au “Parlement” grec sans obtenir l’aval préalable du Quartet. Et comme le ridicule ne tue plus (chez les dirigeants en tout cas), “Alexis Tsipras gouvernera... encore quelques mois, histoire de faire passer... le mémorandum final, celui qui nous achèvera, et ainsi son rôle sera incarné jusqu’au bout ; ensuite, les vrais maîtres du jeu trouveront d’autres marionnettes” (...)

Le trauma collectif psychologique de la trahison du vote du NON au référendum de juillet 2015 est synonyme de blessure béante et qui ne cicatrisera pas, autant, que d’une expérience de... mécanique sociale grandeur nature ayant complètement fait basculer les émotions ; de l’éphorie mesurée car déterminé à affronter l’histoire au grand dimanche soir du référendum, au désespoir alors le plus sombre de son annulation de fait, seulement aussitôt quelques jours plus tard. (...)

Pour une bonne partie de ce que nous nommons l’Occident, le moment historique proche est celui de l’abolition de la démocratie dite représentative et en même temps du retour d’une forme je dirais de servage, tout simplement parce que les couches dirigeantes ont ainsi réalisé, que maintenir l’état du monde actuel surtout coûte que coûte, n’est plus rentable.

J’observe cette fin d’année 2015 si terrible, sous l’emprise de mes apories alors multiples (en grec aporie : embarras, interrogation et autant dénuement matériel), et après avoir fait comme de nombreux autres Grecs, le constat amer de notre impuissance politique... d’en bas. Pourtant, nous avons lutté comme nous avons aussi utilisé toutes les fausses armes dont nous croyions encore disposer, essentiellement le vote, lors des législative et surtout lors du référendum.

Cependant, nous sommes enfin plus lucides. Les Grecs dans leur immense majorité réalisent à présent et cela suite à l’expérience (et expérimentation) de 2015, qu’aucun parti politique actuel n’est capable de se tenir à la hauteur des exigences alors... mortelles de notre moment historique, aussi parce que nous sommes certes à un tournant.

Les Grecs dans leur immense majorité réalisent encore qu’ils sont devenus des sans-abri politiques (...)