
Marchons, aux lendemains de cette présidentielle 8 mai ■ 14h ■ Barbès
Nous savons qui va gagner les prochaines élections : ce ne sera pas nous.
Trente ans de lutte de l’immigration, une grève générale exemplaire en Guadeloupe comme en Martinique et une longue séquence de révoltes au sein des quartiers populaires - de celles de novembre 2005 jusqu’à Villiers-le-bel - ont démontré une résistance acharnée de la part de tous ceux et celles qu’une large part du champ politique n’a eu de cesse d’exclure ou de cantonner à un rôle de citoyens de seconde zone.
Les seules réponses que les pouvoirs en place ont apportées se résument à plus de répression et à la mise en œuvre de plus en plus active d’un régime d’exception à l’encontre des descendants de colonisés : couvre-feu et état d’urgence en 2005, quadrillage des quartiers populaires par les polices spéciales, violences policières impunies, gestion des « flux migratoires » de plus en plus accrue et féroce, et l’inflation de lois et de décrets islamophobes pour évincer les musulmans de l’espace public. Quels que soient les gouvernements successifs, les injustices et les problèmes de fond se sont renforcés. Le racisme d’État s’affermit de jour en jour et se décline de la négrophobie exacerbée jusqu’aux attitudes paternalistes.
L’offensive ne s’arrête pas aux discours racistes prononcés par les plus hautes figures de l’État, qui désignent les habitants des quartiers populaires comme les principales sources de tous les maux du système alors qu’ils et elles en sont les premières victimes : ce sont eux et elles qui sont, en premier lieu, discriminés à l’embauche, à l’avancement, au logement, etc. La crise, et l’austérité qui l’accompagne, ne frappent pas partout de la même manière : les quartiers populaires sont les plus durement touchés par le chômage, par le démantèlement du service public et par les coupes budgétaires massives.
D’autre part, nous savons déjà combien la présidentielle ne permettra pas de changement fondamental de la politique française vis-à-vis de l’Afrique, de la Palestine et de tous les pays arabes et musulmans. Seules les insurrections victorieuses en Tunisie et en Égypte ont pu saborder le soutien du bloc occidental à leurs dictateurs déchus. Mais la politique néocoloniale et impérialiste française n’a pas pour autant cédé.
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