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Piscine et transport de déchets nucléaires : ça risque gros Enquête
Article mis en ligne le 15 février 2018

Le stockage des déchets radioactifs en « piscines » est excessivement dangereux : risque de brèche, d’attaque, dangerosité des transports, etc. La France est un des rares pays à n’avoir pas opté pour l’entreposage à sec, bien plus sûr.

Les piscines d’entreposage de combustible usé de La Hague sont proches de la saturation ? Construisons-en une nouvelle à Belleville-sur-Loire ! Ce raisonnement des nucléaristes semble frappé au coin du bon sens ; mais il est ultra risqué. « Si l’on veut tirer le retour d’expérience de Fukushima pour la sûreté et du 11 septembre 2001 pour la sécurité, il est irresponsable de poursuivre sur la voie de l’entreposage de long terme en piscine », affirme Yves Marignac, consultant international et directeur de Wise-Paris, une agence associative d’étude et de conseil sur le nucléaire et l’énergie.

Côté sûreté, l’ingénieur en radioprotection Jean-Claude Zerbib et ses collègues signalaient déjà en 2011 le risque sismique pesant sur l’usine de retraitement de La Hague. « La magnitude du séisme à l’origine de la catastrophe de Fukushima était bien supérieure à celle du séisme historique retenu pour dimensionner les installations. »

Autre sujet de préoccupation, la brèche. À La Hague, le bassin d’entreposage, profond de 9 mètres, consiste en une coque en béton dans laquelle est installé un cuvelage en inox. Les assemblages de combustible usé y sont immergés sous un écran de 4,5 mètres d’eau qui protège les travailleurs des radiations. « Les piscines ne sont pas complètement enterrées, en cas de brèche dans les parois latérales, il resterait seulement deux mètres d’eau dans le fond de la piscine, les combustibles étant ainsi dénoyés de 2,50 mètres », alertent les auteurs. De plus, le bassin est monté sur deux rangées de plots, eux-mêmes disposés sur une deuxième cavité qui n’est pas étanche. (...)

Accident, attaque, détournement… des transports à haut risque (...)

L’entreposage à sec, une solution plus sûre pourtant négligée
Une des pistes d’amélioration de la sécurité serait donc de confier certaines questions de sécurité à l’ASN. Mais surtout, plaide Yannick Rousselet, d’opter pour l’entreposage à sec des combustibles usés, plébiscité dans la plupart des pays nucléarisés qui y trouvent une solution provisoire avant le stockage définitif. « Cela consiste à mettre les combustibles dans des conteneurs de 120 tonnes environ, puis dans des alvéoles en béton. Notre idée serait de mettre ça en subsurface, sous un tumulus en terre pour protéger l’ensemble des chutes d’aéronef. Ce serait inerte ! Et la radioactivité protégerait les combustibles usés de toute agression malveillante ou terroriste, puisque la dose serait létale à l’intérieur du conteneur. » (...)

L’ironie est qu’Areva est un des leaders mondiaux des solutions d’entreposage à sec et les exporte très bien — fin 2015, il avait déjà vendu plus de 900 solutions d’entreposage à sec aux États-Unis, qui ont signé un dernier contrat en mars 2016 pour 184 millions d’euros de conteneurs Areva Nuhoms.

Alors, pourquoi avoir choisi de construire une nouvelle piscine d’entreposage plutôt qu’un entreposage à sec ? Parce que la filière française du nucléaire n’a pas encore renoncé à sa filière de retraitement, malgré sa faillite évidente. Ce sera l’objet du quatrième volet de notre enquête.