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L’Humanité
15 PERSONNES ONT ENTAMÉ UNE GRÈVE DE LA FAIM pour le leader kurde Abdullah Ocalan emprisonné en Turquie
Article mis en ligne le 28 décembre 2018

Quatre femmes et onze hommes venus de plusieurs pays européens ont entamé une grève de la faim le 17 décembre à Strasbourg pour exiger du Conseil de l’Europe qu’il obtienne des informations sur le leader kurde Abdullah Ocalan emprisonné en Turquie, et dont on est sans nouvelles depuis presque 3 ans.

Comment se porte l’un des plus célèbres prisonniers politiques du monde, détenu par la Turquie sur l’île-prison d’Imrali depuis bientôt 19 ans ? Aucune instance internationale n’est en mesure de le dire, pas plus que sa famille, ses avocats, ou les élus qui demandent régulièrement à lui rendre visite. Abdullah Ocalan, qui va avoir 70 ans dans quelques mois, n’a pas pu voir ses avocats depuis juillet 2011. Les visites des membres de sa famille ont été suspendues depuis octobre 2014, et aucun parlementaire n’a été autorisé à le rencontrer depuis 2015. Le leader kurde est par ailleurs privé de tout contact téléphonique avec l’extérieur.

Seule une délégation du Comité de lutte contre la torture du Conseil de l’Europe ( CPT ) avait obtenu l’autorisation de le rencontrer en avril 2016. Dans leur rapport, dont la Turquie n’a autorisé la publication qu’en mars dernier, les fonctionnaires européens faisaient part de leur « vive inquiétude » sur les conditions d’isolement du leader kurde et des trois autres prisonniers politiques détenus à Imrali. Mais depuis plus de deux ans et demi, plus aucune information n’est sortie de leur prison. (...)

Mustapha Sarikaya. Notre grève ne vise pas seulement à rompre l’isolement d’un homme, Abdullah Ocalan, mais à rompre aussi l’isolement de tout un peuple. Dans le Kurdistan, la guerre et la violence montent tous les jours. C’est aujourd’hui la liberté du peuple kurde qui est en cause. L’isolement d’Ocalan est parallèle à celui du Kurdistan. Chaque fois dans le passé qu’Ocalan a pris place à la table des négociations avec la Turquie sur la question kurde, on constate qu’on était proche de trouver des solutions démocratiques. Il y a eu des possibilités de paix. Mais l’isolement d’Abdullah Ocalan aujourd’hui montre que le régime turc qui le détient ne veut pas qu’il y ait de solution au Kurdistan. (...)

Gulistan Ike. Tant qu’Ocalan est à l’isolement, il n’y aura pas vraiment de possibilité de statut pour les Kurdes, ni de stabilité en Turquie et dans la région. En ce moment, dans les quatre parties qui composent le Kurdistan ( en Turquie, en Syrie, en Irak, en Iran, NDLR ), c’est la violence et les menaces de guerre qui montent. En Turquie même, des centaines de personnes, d’académiciens, de journalistes, de responsables politiques, d’élus, de membres d’associations, sont aujourd’hui en prison ou ont été destitués de leurs fonctions. (...)

Il faut faire la différence entre les peuples européens et la politique européenne, la façon des Etats considèrent la question kurde. Par rapport au Rojava, on a constaté que les gens étaient intéressés, les médias en Europe parlent du Rojava. On sent une solidarité envers le peuple kurde et ça ne date pas d’aujourd’hui. Depuis plus de 30 ans, pas mal d’Européens sont solidaires de la cause kurde. Par contre, en ce qui concerne les Etats, cela fait des années qu’on ne peut pas parler de solidarité ni de compréhension. (...)

Que demandez-vous pour arrêter votre grève de la faim ?

M.S. La demande que l’on fait, c’est que quelqu’un puisse se rendre sur l’île d’Imrali pour rencontrer Abdullah Ocalan. A ce moment là, on arrêtera la grève de la faim. La raison d’être d’une institution comme le Comité pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe, c’est d’empêcher l’isolement en prison, qui est une forme de torture. La Turquie est membre du Conseil de l’Europe. Elle a signé en s’engageant pour la défense des droits de l’homme et pourtant depuis plus de deux ans, la Turquie écrase les droits fondamentaux.
Et que fait l’Europe ? Elle regarde.
(...)

G.I. Nous ne sommes que 15 personnes et nous savons que cela ne peut pas suffire. C’est pourquoi on a besoin que tous nos amis européens qui partagent avec nous les mêmes valeurs humaines, nous donnent un coup de pouce pour faire connaître notre cause et notre grève. (...)