
11 septembre 1973 : le coup d’État de Pinochet, préparé et soutenu par la bourgeoisie chilienne, le gouvernement américain et la CIA qui avaient mené une guerre incessante (en investissant des millions de dollars pour déstabiliser l’économie et la politique chiliennes) contre le Chili de Salvador Allende, inaugure dans un bain de sang la rupture fondamentale avec les politiques keynésiennes de l’après-guerre.
Sommaire
- Ailleurs sur la planète…
- L’intervention du FMI et les plans d’ajustement structurel
- La dette et les accords de libre-échange
- Les flux financiers illicites et les paradis fiscaux
- Les mesures de sauvetage bancaire
Si ce moment incarne le rêve brisé de la transformation socialiste de la société de manière graduelle, l’impact catastrophique du coup d’État l’aura été non seulement pour le Chili et l’Amérique latine, mais pour le monde dans son ensemble, ce qui est l’objet de cet article.
En dehors des atteintes terrifiantes à l’intégrité physique des personnes (assassinats, tortures, enlèvements, intimidations, mise en place du Plan Condor avec les autres dictatures de la région pour éliminer les militants politiques de gauche dans tous les pays d’Amérique du Sud, des milliers de personnes contraintes à prendre le chemin de l’exil), la dictature a eu un impact encore bien plus large sur une grande partie de la société chilienne par l’anéantissement des acquis sociaux mis en place par le gouvernement de Salvador Allende grâce aux nationalisations, en particulier du secteur du cuivre et de la réforme agraire.
"L’Amérique latine a ainsi été le laboratoire des politiques néolibérales qui allaient ensuite se généraliser" (...)
Ailleurs sur la planète…
"À partir du début des années 80 avec l’élection de Thatcher puis Reagan, on a assisté à la généralisation des mesures néolibérales calquées sur le Chili de Pinochet" (...)
Si le nouveau gouvernement de Gabriel Boric avait promis que le Chili qui était le berceau du néolibéralisme en deviendrait son tombeau, on en est encore loin. S’il y a des avancées en matière de santé, maintenant gratuite, celle-ci est insuffisamment financée –il n’est pour l’instant pas question de nationalisation du cuivre, ni d’autres secteurs pour récupérer des recettes pour des avancées importantes, pas plus que de contestation de la dette. Avec comme ministre des Finances, l’ancien président de la Banque centrale, à supposer qu’il veuille entreprendre des mesures plus profondes, le président Boric se trouve limité également par le fait que sa coalition n’est pas majoritaire et qu’il doive négocier avec des partis de droite. De plus, avec le fait que le projet de nouvelle Constitution qui présentait des avancées progressistes et féministes n’ait pas été approuvé, le changement tant attendu et espéré semble dès lors très restreint !