Accueil > AttentionDanger > Ah ! notre santé > infos-santé > Grippe aviaire : le système industriel en est responsable, affirment les (…)

Reporterre

Grippe aviaire : le système industriel en est responsable, affirment les éleveurs fermiers

29 mai 2017

samedi 12 décembre 2020

Près de 4 millions de canards ont été abattus cet hiver (2017) dans le Sud-Ouest à cause de la grippe aviaire. L’État autorise ce lundi 29 mai le retour des volailles dans les élevages en contrepartie de mesures très contraignantes pour les éleveurs fermiers. Mais pour ceux-ci, le système industriel et les hésitations des autorités portent la responsabilité de la crise.

« À chaque fois, la maladie a progressé grâce à des dérogations pour aller remplir des salles de gavage », assure Jean-Michel Behro, un des éleveurs que nous avons rencontrés. Une enquête a d’ailleurs été ouverte, pour « tromperie aggravée par le danger sur la santé animale », après que des canards situés à proximité d’un foyer dans le Tarn ont été envoyés vers trois autres départements, entraînant la dissémination du virus tout au début de l’épizootie, début décembre 2016.
« Les services vétérinaires étaient complètement débordés »

Au cours de l’hiver, l’État a changé plusieurs fois de stratégie, définissant des zones de « surveillance », puis d’« abattage préventif » (...)

Finalement, c’est la totalité des élevages de volailles que l’État a décidé de faire abattre. Dès lors, ce fut la panique : « Les services vétérinaires étaient complètement débordés. Des paysans ont attendu deux semaines pour faire abattre leurs canards, des camions remplis circulaient sans bâche », raconte Galileo. Symptôme, selon lui, du manque de moyens de l’État dans le monde rural, de la fermeture des services publics et des petits abattoirs de proximité. (...)

« Un bon système est un système résilient, qui apprend des crises. Actuellement, c’est l’inverse qui prévaut »

On poursuit ainsi la logique dominante, qui est d’accroître les normes « pensées pour l’élevage industriel et qui détruisent le monde paysan », note Bastamag. Mais aucune réflexion globale sur les causes de l’épizootie (épidémie chez les animaux) ne semble menée. Alors que ces crises à répétition découragent de plus en plus d’éleveurs fermiers, la Confédération paysanne organisait samedi 20 mai un débat sur le sujet au village Emmaüs de Lescar (Pyrénées-Atlantiques). Parmi les invités, l’écologue et spécialiste des maladies infectieuses Serge Morand (chercheur au CNRS, auteur de La Prochaine Peste. Une histoire globale des maladies infectieuses). Selon lui, le confinement et les mesures sanitaires sont contreproductifs.

Il faut plutôt s’interroger sur ces bêtes qui tombent malades : « En diminuant leur diversité génétique, on a favorisé les rares virus qui y sont adaptés. On a fait de la sélection de virus », explique-t-il. Comme souvent, la productivité des canards a été préférée à leur rusticité par les sélectionneurs industriels. (...)

Réintroduire de la diversité génétique permettrait de rendre plus compliquée la contamination de l’ensemble des élevages par un seul virus. « On sait très bien que c’est la solution, mais le système actuel ne peut l’accepter. Un bon système est un système résilient, qui apprend des crises. Actuellement, c’est l’inverse qui prévaut », juge Serge Morand. (...)

Lire aussi :

 2020 : Grippe aviaire : un potentiel foyer détecté dans un élevage de canards des Landes

Mi-novembre, des cas avaient été enregistrés en Corse et dans les Yvelines. Le ministère de l’agriculture avait annoncé qu’il s’agissait d’une source de contamination commune.

La préfecture des Landes a fait part, dimanche 6 décembre, d’une « forte suspicion » de grippe aviaire dans un élevage de canards sur la commune de Bénesse-Maremne, où une très forte mortalité a été enregistrée, samedi. Le laboratoire des Pyrénées et des Landes, établissement public qui assure des missions d’analyses, a confirmé la présence d’influenza aviaire type 5.

L’élevage suspecté est « en cours de dépeuplement préventif » et l’exploitation a été placée sous surveillance. En attendant les résultats d’analyse du laboratoire national de référence, la préfecture a délimité une zone de contrôle temporaire couvrant plusieurs communes autour de cet élevage et sur laquelle « aucune volaille et aucun autre oiseau captif ne doit entrer dans les exploitations ou en sortir », afin de limiter les contacts avec les oiseaux sauvages.

Niveau de risque « élevé »

S’ils sont nécessaires, la préfecture demande de prendre des précautions « particulières en termes de changement de tenue, de parcage des véhicules en dehors des zones d’élevage et de nettoyage et désinfection à l’entrée et à la sortie des exploitations afin d’éviter les risques de propagation de l’infection ». Le niveau de risque pour tout le département des Landes reste « élevé ». (...)

Mi-novembre des cas de grippe aviaire avaient été détectés dans deux animaleries en Corse et une dans les Yvelines. Elles sont le fait d’une « source commune de contamination » identifiée chez un particulier du Nord, selon le ministère de l’agriculture.

 2020 : le retour de la grippe aviaire ?
Depuis plusieurs semaines, des foyers de grippe aviaire (H5N8) ont été détectés dans des élevages en Pologne, Slovaquie, Hongrie et Roumanie, mais aussi dans la faune sauvage en Pologne.

La Coordination Rurale demande donc aux autorités compétentes d’interdire rapidement les importations de volailles en provenance des pays infectés et d’attirer la vigilance des douanes sur ce risque.

Les éleveurs français ont au cours des dernières années payé un lourd tribut du fait de cette maladie et ils sont légitimement en droit d’attendre que tout soit mis en œuvre pour enrayer sa propagation.

La note publiée aujourd’hui par la DGAL indique un risque important de transmission via les transports.

La Coordination Rurale juge que ce simple rappel des mesures de bio-sécurité (nettoyage des moyens de transports) est loin d’être suffisant au regard de la menace pour les éleveurs et l’ensemble de la filière.
Nous rappelons que la grippe aviaire se propage très vite. Pour preuve, la plateforme ESA fait désormais état de 15 foyers dont 11 en Pologne depuis le premier signalement intervenu dans ce pays le 31 décembre dernier.


Voir en ligne : Lire le texte intégral de l’article