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Mediapart
Covid-19 : les ratés du Samu
samedi 10 octobre 2020
Des échanges de documents, que Mediapart a pu se procurer, révèlent que, durant la première vague de la pandémie, des Samu, submergés, ont tardé à prendre en charge des patients en urgence vitale. Un problème d’organisation qui a causé des pertes de chances de survie et qui pourrait se reproduire avec la deuxième vague, les leçons n’ayant pas été tirées.
A-t-on tiré toutes les leçons de la première vague du Covid-19 ? A-t-on seulement bien voulu en établir un diagnostic objectif alors que la situation sanitaire française est de nouveau alarmante ? Notre enquête au long cours sur les dysfonctionnements du Samu, lors de laquelle nous avons pu recueillir des témoignages, des courriels, des rapports et des enregistrements, montre que, selon de nombreux spécialistes, un défaut d’organisation a aggravé des situations déjà lourdes, voire dramatiques.
Le constat est particulièrement vrai pour les Samu de Paris et des départements voisins (92, 93, 94), saturés par les appels relatifs au Covid-19. Ils ont tardé à prendre en charge des patients en urgence vitale. (...)
Début 2020, alors que la situation se détériore, le système ne change pas : que le sujet concerne ou non le Covid, toutes les personnes qui sont en situation d’urgence doivent appeler le 15, ce qui suscite un gigantesque embouteillage. Pour autant, aucun numéro spécifique n’est alors créé.
Compte tenu de la gravité de la situation, le 11 mars, le commandant des pompiers, le général Jean-Marie Gontier, intervient auprès de la direction des hôpitaux de Paris, auxquels sont rattachés ces Samu, pour prendre la main directement sur certaines urgences vitales. C’est ce que révèlent des échanges de mails, dont Mediapart publie des extraits. (...)
les ambulances ont, parfois, attendu plus de 30 minutes avant que le Samu leur indique l’hôpital vers lequel transporter le patient. Un délai potentiellement catastrophique pour ces deux pathologies. Pour l’infarctus, le risque est que le patient fasse un arrêt cardiaque. Dans le cas des traumatisés graves, selon une étude française de 2019, retarder de dix minutes le transport à l’hôpital augmente la mortalité de 4 %.
La décision du général Gontier de reprendre la main sur ces urgences intervient après plusieurs incidents graves survenus avant et pendant la crise sanitaire, entre mai 2019 et mars 2020 et signalés dans des compte-rendus d’intervention que Mediapart a pu consulter. Certaines victimes ont d’ailleurs demandé à récupérer leur dossier au vu des retards de prise en charge et de leurs conséquences.
Le 3 mai 2019, en région parisienne, un jeune homme grièvement blessé au bras a ainsi dû attendre 45 minutes avant que le Samu ne l’achemine vers un hôpital. Le 5 octobre 2019, ce n’est qu’au bout de 40 minutes, qu’un homme de trente ans, blessé à l’arme blanche, a pu enfin être transporté. En mars 2020, un patient présentant des syndromes annonciateurs d’un infarctus du myocarde, a dû patienter 30 minutes, avant son transfert. Au plus fort de l’épidémie, en mars toujours, le centre de régulation du Samu de Paris « a planté à trois reprises » alors qu’un homme de 50 ans devait être pris en charge pour un arrêt cardiaque respiratoire. Des délais catastrophiques.
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Les dirigeants du Samu, comme Pierre Carli, n’ont pas voulu reconnaître les problèmes de retard
La ligne du 15 est encombrée car des appels de toutes sortes convergent vers ce numéro. « Ce problème de saturation existait avant la crise. Une réflexion avait déjà eu lieu sur l’organisation des appels avec la mise en place, par exemple, d’une ligne spécifique pour apporter des conseils médicaux qui ne relèvent pas de l’urgence vitale, et ne pas saturer la ligne d’urgence du 15 », explique Yohann Pannetier. (...)
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