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Reportage - Fukushima, la vie empoisonnée
Article mis en ligne le 21 juin 2014
dernière modification le 18 juin 2014

Autour de la centrale de Fukushima, il y a des villes, des bourgs, des terres agricoles. La radioactivité est le plus souvent faible dans la région, mais elle est bien là. Tout le monde ne peut pas et ne veut pas partir. Alors, on s’accommode malaisément de cette menace invisible qu’on voudrait oublier mais qui reste bien présente.

(...) Pourtant, les gens tâchent de vivre, tout simplement. Mais les villes tournent au ralenti – « L’activité économique ne tourne pas, dit un chauffeur de taxi à Iwaki, au sud du département. La seule chose qui marche, ce sont les hôtels qui logent les travailleurs de la centrale de Fukushima ». La population a baissé, par les morts du tsunami mais aussi de la catastrophe, en raison du stress qu’ont subi les personnes déplacées, ainsi que par tous les "réfugiés", qui ont quitté la région. La vie n’en continue pas moins, comme en témoignent les centaines de collégiens en chemise blanche et pantalon – ou jupe plissée – à la gare de Minamisoma, le matin, ou les travaux à la grande usine Marusan Paper.

Mais difficilement, notamment pour l’agriculture, dans un département où elle était encore importante, et qui peine à se relever. Les produits estampillés « Fukushima » se vendent mal. Pour rassurer les consommateurs, la préfecture a installé deux cents machines pour vérifier le taux de radioactivité du riz et d’autres aliments, comme ici, à Futaba. (...)

Le handicap de la radioactivité s’ajoute à la crise d’une agriculture dont les travailleurs vieillissent de plus en plus, sans que suffisamment de jeunes viennent les remplacer. Et si le traité de libre-échange transpacifique – le symétrique du projet de traité transatlantique - est adoptée, « ce sera la mort de l’agriculture japonaise », dit M. Miura.

A quelques dizaines de kilomètres de là, à Date, un autre agriculteur, Satochi Nemoto, montre le parc solaire qui a été installé à l’initiative du syndicat Nominren et avec des particuliers qui y ont investi une part de leur épargne. (...)

« Les agriculteurs sont en situation délicate. Il est difficile de faire disparaître l’idée qu’il y a par ici dix fois plus de radioactivité que normalement. Mais il ne faut pas baisser les bras, sinon, on risque de perdre ce beau paysage ». Le parc solaire a été un moyen de relever la tête : « On ne doit pas rester des victimes. On s’est pris en main, et on voudrait être des pionniers pour la reconstruction du Japon ». Au demeurant, on voit de nombreux parcs solaires à travers les campagnes, elles se sont multipliées depuis Fukushima. « Il y a un fort potentiel au Japon, dit M. Nemoto, c’est une clé pour faire vivre les villages ruraux ». Problème : avec l’abandon des terres agricoles, ne risque-t-on pas de transformer de bonnes terres en parcs solaires, ce qui ne serait pas une solution écologiquement satisfaisante ? M. Nemoto reconnaît le problème, sans y apporter de réponse. Les zones radioactives pourraient être transformées en zones de production solaire. L’idée s’esquisse, l’avenir répondra. (...)