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le courrier des stratèges
Pourquoi le Hamas est le meilleur ennemi d’Israël
#Israel #Hamas #Palestine
Article mis en ligne le 14 octobre 2023
dernière modification le 13 octobre 2023

Les différentes étapes qui ont mené à la situation de guerre ouverte en Israël et en Palestine demeurent encore un mystère. Pourquoi le Hamas a-t-il pu si facilement s’infiltrer sur un sol aussi peuplé, alors même que la situation générale était tendue ? Pourtant, il est beaucoup trop tôt pour apporter des réponses sérieuses à ces questions. Mais il est sûr que les relations si particulières entre Israël et le Hamas ne pourront qu’être interrogées dans les semaines à venir, pour mieux comprendre ce qui s’est passé. En attendant, il n’est pas inutile de rappeler quelles sont les origines du Hamas et de ses relations avec Israël.

(...) Dans la mouvance de la sous-traitance à l’Arabie Saoudite de multiples activités clandestines, les services israéliens et plus largement occidentaux ont pu voir dans le Hamas une opportunité intelligente qui affaiblissait la résistance palestinienne en la divisant.

Le temps a fait son œuvre, et le Hamas a diversifié ses alliances. Un rapprochement avec l’Iran et le Hezbollah ont changé la donne. Désormais, le Hamas est devenu un acteur incontournable de la “résistance palestinienne”, même si cette expression peut être interprétée de multiples façons.

Dans la pratique, quasiment cinquante après sa création, quarante ans après son “installation” de fait par Israël, le Hamas est devenu un obstacle majeur dans la stratégie israélienne.

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 (Le grand continent)
Israël : « Netanyahou a explicitement renforcé le Hamas », une conversation avec Nitzan Horowitz

Ancien ministre de la santé et opposant à Benjamin Netanyahou, Nitzan Horowitz occupe une place centrale dans la vie politique et intellectuelle de Tel-Aviv. Dans cet entretien, il dénonce la responsabilité de l’actuel Premier ministre tout en appelant à l’unité nécessaire face à la guerre.

(...) Les responsables de ces atrocités sont les terroristes du Hamas. Mais du côté israélien, la faiblesse que le Hamas a réussi à identifier et à exploiter est liée à mon sens à deux raisons : un échec total du renseignement militaire et un échec de la politique de Netanyahou.

J’ai été membre du cabinet de sécurité et ministre jusqu’à décembre de l’année dernière. Dans ces fonctions, j’ai eu l’occasion d’être bien informé sur l’installation et l’infrastructure israélienne autour de la bande de Gaza. Il est proprement hallucinant d’imaginer qu’une telle chose, connaissant ce dispositif, ait pu arriver. Que des centaines de combattants terroristes, armés et véhiculés, franchissent au même moment la frontière, cela s’appelle une invasion — et je n’arrive toujours pas à comprendre comment elle a pu être possible. C’est la première chose. La deuxième, c’est qu’une attaque comme celle perpétrée par le Hamas depuis samedi se prépare depuis de longs mois : il faut s’approvisionner en armes, entraîner des soldats, faire des plans, répéter l’opération, etc. Que notre renseignement ait été incapable de voir cela me laisse avec beaucoup de questions.

Mais ce qu’il se passe est aussi un échec de la politique de Netanyahou. En Israël, ce mois d’octobre marquait le dixième mois d’un mouvement civique sans précédent contre le coup d’État juridique de Benjamin Netanyahou. Ce que j’appelle coup d’État juridique, c’est le spectre de toutes les tendances anti-démocratiques et fascistes au sein du gouvernement actuellement au pouvoir. Le mouvement d’opposition a agrégé des millions de citoyens, y compris des officiers, y compris l’élite de l’État — des pilotes, des médecins, des ingénieurs, des représentants du secteur des hautes technologies, etc. (...)

Nous étions tous opposés à cette attaque contre la démocratie et c’est pour cela que nous nous sommes levés ; nous l’avons fait pour défendre, pour protéger la démocratie israélienne contre un gouvernement qui avait franchi toutes les lignes rouges — y compris celle d’accuser l’armée, les services de sécurité et ce qu’ils appellent le deep state de comploter contre l’intérêt des Israéliens. Ce gouvernement a divisé le peuple israélien, il a augmenté le niveau de haine à l’intérieur du pays à un niveau difficilement supportable. (...)