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L’édition canadienne en guerre contre les faux livres d’IA
#Canada #culture #IA #edition
Article mis en ligne le 12 novembre 2025
dernière modification le 8 novembre 2025

À l’heure où le Canada réévalue sa stratégie sur l’intelligence artificielle et le fonctionnement de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACÉUM), l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) multiplie les interventions publiques. L’organisme, qui regroupe la majorité des maisons d’édition francophones du pays, a récemment déposé deux mémoires à Ottawa.

Fondée sur la défense du droit d’auteur et de la diversité des expressions culturelles, l’ANEL réclame des politiques publiques capables d’encadrer les usages de l’IA et de préserver l’exemption culturelle du Canada dans ses traités commerciaux. Son message s’inscrit dans la continuité d’un engagement constant pour un écosystème du livre fort, équitable et durable.

L’IA, entre promesse et péril pour le livre

Dans son mémoire du 31 octobre 2025, l’ANEL dresse un constat alarmant : les textes générés artificiellement prolifèrent sur les plateformes numériques, usurpant parfois le nom d’auteurs réels. Ces « œuvres fantômes » nuisent à la qualité, à la confiance et aux revenus des créateurs. Le phénomène, signalé aussi par Radio-Canada (Le 15-18, 2025), illustre un risque : la dilution du travail humain derrière des algorithmes entraînés sur des contenus piratés.

L’association s’inquiète d’un « pillage technologique » où les modèles de langage s’approprient sans autorisation des corpus littéraires entiers. Elle réclame la transparence sur les œuvres utilisées pour entraîner les IA et un étiquetage obligatoire des contenus générés artificiellement. (...)

Mais elle nuance : l’IA peut aussi devenir un levier — pour la gestion des métadonnées, l’analyse de marchés ou la prévention du plagiat — à condition d’un encadrement clair. Comme le résume le manifeste canadien, L’art est humain, signé par des milliers d’artistes : « Le véritable progrès est celui qui bénéficie au plus grand nombre ».

Libre-échange et exception culturelle : un équilibre fragile (...)

Le droit d’auteur au cœur du débat

L’association insiste également sur la dérive de l’exception d’« utilisation équitable » introduite dans la Loi sur le droit d’auteur en 2012, interprétée trop largement par plusieurs établissements d’enseignement hors Québec. (...)

Une vigilance internationale partagée

À l’échelle mondiale, les préoccupations de l’ANEL résonnent. La Rapporteuse spéciale de l’ONU pour les droits culturels, Alexandra Xanthaki, recommandait en 2025 que les États « réaffirment la valeur de la créativité humaine » et imposent aux entreprises d’IA des obligations de transparence et de diligence. (...)

Au croisement du numérique et du commerce, l’ANEL formule une vision de long terme : bâtir un cadre éthique et juridique qui protège la création sans freiner l’innovation. Elle appelle le Canada à se doter d’une réglementation de l’IA fondée sur la transparence, le respect de la règle de droit et la reconnaissance du travail humain.

Plus largement, le débat sur l’ACÉUM et l’IA pose une question cruciale : que vaut la culture dans un monde de flux automatisés ?

Préserver l’humain dans la création (...)