Nouvelle opération concertée des médias dominants : et si, en dépit des résultats des élections, Macron nommait un premier ministre de droite ou d’extrême droite ? Pourquoi pas, c’est ce que prétendent les sondages après tout. En d’autres termes, et si on se passait d’élections ?
Une étude d’opinion est massivement relayée depuis plusieurs jours : le quotidien Libération explique le 21 août qu’une « majorité relative de Français est favorable à ce que le Premier Ministre Gabriel Attal conserve son poste ». Le journal poursuit : « Gabriel Attal arrive premier des 35 personnalités testées, avec 40 % d’opinions favorables. » La belle affaire.
Le Figaro reprend le même sondage, commandé par le média néolibéral Challenges (...)
Europe 1, juste après les législatives, titrait déjà : « Selon notre sondage CSA pour Europe 1, CNews et Le Journal du Dimanche, le président du Rassemblement national Jordan Bardella se place comme la personnalité politique la plus citée pour être nommée en tant que Premier ministre. » Après avoir mené une campagne non dissimulée en faveur de l’extrême droite, les médias sont déçus du résultats, et tentent de faire comme s’il n’avait pas existé.
Maintenant que les mouvements sociaux ont été écrasés à coups de grenades, que les syndicats ne sont plus écoutés, que les associations ont été mises au pas, pourquoi s’embarrasser encore du vote des français ? Autant composer le gouvernement directement avec les éditorialistes et les milliardaires ! (...)
Rappelez-vous à quel point ces enquêtes d’opinion n’ont aucune valeur : avant cela, les sondages avaient vendu Dominique Strauss-Kahn comme « préféré des français » en 2011, pour tenter de le faire élire sans succès, puis Macron en 2016, avec succès cette fois-ci l’année suivante. Les mêmes instituts expliquaient que Fabien Roussel était la « personnalité préférée à gauche » il y a quelques mois, et avant lui le ministre d’extrême droite Manuel Valls, l’hyper-répressif Cazeneuve et autres chouchous des milliardaires. On a compris : les dominants désignent à la fois leurs favoris et sélectionnent leurs opposants.
Cela s’appelle la fabrique de l’opinion, et c’est désormais fait sans aucune subtilité. Les riches qui possèdent les médias commandent des études sur mesure pour installer l’idée qu’une dictature serait finalement une bonne idée. (...)
Un autre refrain revient en boucle depuis deux ans : Macron voudrait modifier la Constitution pour faire un troisième mandat. Ce sont des « fuites » prononcées par différents proches du président aux médias depuis 2023. Il s’agit ici encore d’un ballon d’essai pour préparer les esprits à un éventuel coup de force.
Derrière toutes ces opérations, il y a le même fil rouge : un pouvoir autoritaire au service des riches qui ne veut pas lâcher le pouvoir, et des médias aux ordres qui font tout pour installer une dictature soft, pour la rendre acceptable. Nous sommes déjà la seule démocratie d’occident où un président ne reconnaît pas une élection, après avoir gouverné par procédures d’exception, le 49.3, en se passant du vote des députés depuis deux ans. Peu à peu, nous sommes entré dans une zones grise, dans un régime hybride, et il ne reste plus grand chose pour basculer. Il faut juste tordre les esprits suffisamment.
Rappelons pour finir qu’en 2019, un autre sondage avait été réalisé dans plusieurs pays européens sur des milliers de personnes et donnait un aperçu de la colère qui couve en France. Selon cette étude, quasiment 40% de la population française attendrait une révolution. Un record. Et surtout, un chiffre très loin au-dessus de tous les pays voisins. (...)