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Voter ne suffit plus
Article mis en ligne le 8 octobre 2020
dernière modification le 7 octobre 2020

Déplorer le niveau de l’abstention fait partie des figures imposées lors des soirées électorales, surtout quand l’élection n’est pas présidentielle. Et très vite, lors de ces soirées dès que les premiers sondages sont disponibles, le regard se porte sur les jeunes. Ceux-ci ne se mobiliseraient guère surtout quand il s’agit d’élire des députés européens ou nationaux, des conseillers municipaux, départementaux ou régionaux, à la différence de leurs parents ou de leurs grands-parents qui, eux, feraient montre d’un plus grand sens civique. En réalité, bien sûr, l’abstention touche aussi d’autres catégories : les urbains, les peu diplômés, les catégories populaires, les précaires, mais les jeunes ont droit à un traitement particulier. On peut avoir l’impression qu’ils ont droit un traitement spécial, parce qu’ils sont l’avenir, parce que la collectivité mise sur eux. Ces nouveaux électeurs ont fréquenté l’école, le collège et le lycée. Ils ont donc été conscientisés aux valeurs républicaines. Ils sont l’avenir. Leur abstention est souvent vue comme un défaut d’intégration dans la société.

(...) Bref, pour certains, l’abstentionnisme serait une « maladie juvénile », qui finira par passer une fois qu’elles et ils auront mûri, fini leurs études, trouvé un travail et fondé une famille, autrement dit une fois qu’ils seront enfin adultes…

Lorsque l’on analyse les évolutions de l’abstention depuis les années 1980, le vote est de moins en moins automatique et trop souvent on en rend responsable les jeunes. D’abord, c’est l’abstention intermittente, et non l’abstention systématique, qui progresse. Ensuite, l’explication classique par le moratoire politique reste pertinente, mais elle ne suffit plus à rendre compte du comportement des électeurs français. Enfin, ce décentrement du vote est porté avant tout par le renouvellement générationnel et la transformation des cultures citoyennes qu’il porte. (...)

Il faut cependant distinguer, dans les cohortes récentes, les citoyens investis politiquement pour qui le vote est un mode d’action parmi d’autres des citoyens en rupture avec le vote, mais aussi avec les autres formes de participation. Pour ces derniers, que l’on retrouve parmi les moins diplômés et les membres des catégories populaires, cela peut aboutir à leur silence politique. Leur absence des urnes et des mouvements sociaux est un défi majeur pour la démocratie française.