
Dans le département de la Loire, l’accueil d’urgence est saturé. Sur le terrain, les associations se mobilisent et multiplient les réquisitions de bâtiments vides. Face aux menaces d’expulsion, le collectif « personne à la rue » décide de mettre les élus de l’agglomération de Saint-Étienne devant leurs responsabilités politiques. Derrière les longs silences et les vagues promesses, la peur des plus précaires.
(...) « On va entrer dans la salle du Conseil et demander à ce que la question du logement d’urgence soit mise à l’ordre du jour », explique Pierre, membre du collectif depuis sa création en 2009. « Ce qu’on veut ce sont des actes, que les gens soient tous logés et que les bâtiments vides, notamment publics, soient réquisitionnés ». Le collectif en a recensé une quinzaine sur Saint-Étienne Métropole [2]. « Des centaines de personnes vivent en cabanes ou dans des squats pourris, souvent sans eau ni électricité. Ces élus se disent de gauche, qu’ils le montrent ». Mais la séance « publique » débute mal : des agents de sécurité barrent la porte aux militants priés d’envoyer une délégation de cinq personnes. Après d’intenses négociations, les portes finissent par s’ouvrir. « Tu as vu le nombre de sièges vides », s’indigne une jeune femme gagnant le fond de la salle. (...)
« Vous avez tous sur vos communes des bâtiments vides, poursuit Jean. Nous vous demandons de les mettre à disposition pour tous les sans-abri. Parce que la solution est là, dans la mobilisation de tous ces immeubles et logements vacants ». Face au silence des élus, le collectif rappelle qu’un courrier du Préfet a été envoyé en décembre à tous les maires du département pour leur demander de mettre à disposition des logements pour l’accueil d’urgence.
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« Les services sont mobilisés avec ceux de la préfecture pour répondre aux demandes que vous exprimez, y compris en ouvrant un gymnase qui accueille une quarantaine de personnes », souligne Maurice Vincent. « La journée, le gymnase est fermé !, hurle Pierre depuis le fond de la salle. A 8h du matin, les familles doivent aller à l’accueil de jour de la Fontaine qui se trouve à l’autre bout de la ville. Et ce sont les associations qui pallient aux manques sur le terrain ». « Écoutez... je vous propose de mettre la question du logement d’urgence à Saint-Étienne Métropole à l’ordre du jour du prochain Conseil », avance le maire socialiste. C’est à dire le 19 mars prochain. (...)
« Promettre de se pencher sur le logement d’urgence dans un mois, c’est un peu ubuesque non ? ». (...)
Au stade Geoffroy-Guichard, une bâche chauffée cajole le terrain pour les jours de match. La pelouse, elle n’a pas attendu la mi-mars. (...)