
Que se passe-t-il quand Macron a déjà été vaincu et le grand mouvement populaire n’a pas encore gagné ?
Après presque quatre mois (!) d’énormes mobilisations ouvrières et populaires sans précédent dans la France d’après-guerre (!), la conclusion de la lutte des syndicats français contre l’(anti-)réforme des retraites devrait être évidente : l’(anti-)réforme est maintenant promulguée, ce qui signifie que Macron a gagné et les syndicats ont perdu. Mais que se passe-t-il et personne en France et à l’étranger n’ose faire le même constat ? Que se passe-t-il quand on voit un représentant du (très) grand capital international aussi prestigieux qu’est l’agence de notation Fitch Ratings dégrader la note de crédit de la France au motif si éloquent que « l’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) représentent un risque pour le programme de réformes d’(Emmanuel) Macron et pourraient créer des pressions en faveur d’une politique fiscale plus expansionniste ou d’un renversement des précédentes réformes » ?
Alors quand Fitch va jusqu’à constater qu’en raison de « l’impasse politique » qui s’est créée et des « mouvements sociaux » qui se poursuivent, Macron risque non seulement de ne pas pouvoir poursuivre ses (anti-)réformes, mais risque même de voir celles qu’il a déjà faites renversées, la conclusion crève les yeux : ce Macron décrit par Fitch ne peut pas être le gagnant, il est déjà le grand perdant de l’affrontement de classe historique français en cours ! Et bien sûr, Fitch n’est pas le seul à l’affirmer. (...)
Macron, son premier ministre et ses ministres ne peuvent plus sortir de leurs bureaux sans être confrontés à des centaines, voire des milliers de citoyens qui les huent, allant même jusqu’à les prendre en chasse à plusieurs reprises ! Et ce, dans toute la France, même lorsqu’ils se rendent dans de petits villages ! Résultat : le « retour au contact des gens » voulue par Macron se solde par un fiasco puisque près de la moitié de ces « contacts » finissent par être… annulés à la dernière minute. Ou deviennent l’objet de railleries et de moqueries quand ministres, préfets et policiers ordonnent la confiscation des casseroles et autres objets métalliques que les manifestants frappent pour faire du bruit, stipulant même qu’il s’agit…. « des armes par destination » et assimilant les « casserolades » à des… pratiques terroristes ! (...)
même des villes et des villages où il n’y a jamais eu une seule manifestation voient aujourd’hui un quart, voire un tiers de leur population descendre dans la rue ! (...)
A tout cela, on pourrait ajouter que les syndicats français, jusqu’ici déconsidérés et plutôt squelettiques, ainsi que la Confédération Paysanne, recrutent aujourd’hui comme jamais auparavant car, selon les sondages, ils sont devenus bien plus populaires que tous les partis et autres institutions traditionnelles. En somme, ce qui a fait que l’actuelle société française soit devenue littéralement méconnaissable en l’espace de 3-4 derniers mois, c’est ce qu’on peut désormais voir à l’œil nu : l’énorme changement de ses traits extérieures, l’atmosphère festive qui règne dans ses manifestations, qui, il y a quelques mois encore, ressemblaient à des enterrements. L’ingéniosité, la solidarité et la confiance en soi des manifestants qui (ré)découvrent la joie de l’action collective et de l’initiative personnelle. (...)
au fil des semaines, l’immense mouvement populaire ne remet plus en cause seulement l’(anti-)réforme des retraites, mais toutes les politiques inhumaines du très dangereux M. Macron et, surtout, le travail et la vie très misérables que lui réserve son capitalisme néolibéral….
Cependant, il y a un… grand cependant : il ne s’agit pas seulement que Macron soit vaincu mais aussi que gagnent les syndicats, le mouvement, le peuple et les travailleurs et travailleuses. Car malgré les quatre mois de mobilisations de masse historiques et exemplaires, il est indéniable que Macron n’a pas fait la moindre concession et qu’au contraire il devient de plus en plus arrogant, de plus en plus autoritaire, intensifiant la répression et rongeant toujours plus une démocratie déjà bien mal en point. (...)
Que faut-il donc faire pour bloquer et paralyser l’économie capitaliste, et aussi pour briser l’intransigeance de gouvernants de plus en plus autoritaires et antidémocratiques ? Il est évident que personne n’a aujourd’hui de réponses toutes faites à cette grande question de notre temps (...)
la mobilisation historique toujours en cours du mouvement ouvrier français fait quelque chose qui constitue une très grande contribution au mouvement ouvrier et populaire mondial, à toute l’humanité opprimée et en lutte : elle ouvre de fait le débat concernant l’identification et la solution des problèmes cruciaux auxquels sont confrontés ces mouvements ouvriers et cette humanité en lutte dans leur combat pour mettre à genoux le grand ennemi de classe avant qu’il ne soit trop tard pour l’humanité et la planète…