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« Notre nom est Rémi »
Article mis en ligne le 1er novembre 2014

Retour sur le rassemblement de mercredi, à Paris, à la mémoire de Rémi Fraisse, où la police a procédé à plus d’une trentaine de gardes à vue. Les personnes gardées à vue - dont notre reporter - ont choisi de se présenter comme « Rémi ». Récit.

Paris, reportage

Ce mercredi 29 octobre. Aux alentours de 19h30, entre 200 et 300 personnes se retrouvent place de l’hôtel de Ville, à Paris, à la mémoire de Rémi Fraisse, décédé dimanche sur le site de l’hypothétique barrage de Sivens.

Le site du rassemblement parisien est truffé d’une cinquantaine de camions de CRS, postés dans les rues autour de la place de l’Hôtel de Ville. L’ambiance est plutôt calme, avec des prises de parole, des bougies allumées, et des banderoles sur lesquelles on peut lire "faisons barrage à l’horreur", "hommage à Rémi", mais aussi : "l’Etat tue". (...)

Une partie des manifestants a pu échapper à la nasse qui se referme vers 21 h autour de près de 150 personnes. Le groupe est serré dans un coin de la place près de la fontaine, au niveau de la rue de Rivoli. Les manifestants chantent des chansons au mégaphone, et une discussion s’improvise sur la stratégie à adopter face à ce qui s’annonce comme une série d’arrestations massives. Une proposition est lancée : celle d’un refus collectif de s’identifier, et de donner comme nom celui du jeune homme décédé, chacun étant invité à décider selon sa situation.

Mon nom est Rémi

Les personnes sont maintenant entassées les unes contre les autres, entourées de CRS. Une chaine humaine se forme autour du groupe afin de prévenir les arrestations, mais les CRS commencent à attraper les personnes unes à une à grand renfort de coups de pied, de coups de matraque et de jets de gaz lacrymogènes. Un car de police, et plusieurs fourgons, stationnés à dix mètres de la scène, sont remplis au fur et a mesure des personnes interpellées. (...)

Il est plus de minuit. Nous passons tour à tour dans des bureaux pour vérification d’identité. Les personnes qui présentent leurs papiers sont relâchés, ceux disant s’appeler Rémi Fraisse sont rassemblées dans une pièce.

Les fonctionnaires de police sont débordés par cet afflux d’homonymes. Ils s’emmêlent les pinceaux parmi tous les dossiers portant le même nom. Le téléphone portable d’un des Rémi nous informe qu’un deuxième chargement d’interpellés comptant environ 80 personnes vient d’arriver à Marx Dormoy. Plus tard, on apprendra que, face à l’éventualité d’une trentaine de nouveaux Rémi potentiels, l’ensemble du second chargement sera finalement relâché vers 2 h30 du matin, et que les fonctionnaires n’ont contrôlé l’identité que d’une quinzaine de personnes. (...)

A 12 h 30, après une nuit sans sommeil, les policiers nous libèrent sans pouvoir préciser quelles seront les suites à notre refus de se soumettre au fichage. Après discussion autour d’un café , les gardés à vue se quittent avec l’idée de se revoir, plus déterminés que jamais à poursuivre la lutte.

DEHORS, LA SOLIDARITE

 Sur place devant le commissariat, Barnabé Binctin

Il est 2h00 du matin passé, dans cette nuit de mercredi à jeudi, et plus d’une cinquantaine de personnes attendent ceux qui restent encore dans le commissariat de la rue de l’Evangile. A chaque nouvelle libération, on applaudit et on scande « Rémi, on n’oublie pas ». (...)

Dernière Heure : - Les trois inculpés de cette manifestation passaient en jugement hier soir au Tribunal de Grande Instance de Paris. Ils sont placés sous contrôle judiciaire jusqu’au procès, reporté au 21 novembre.