Des publications partagées des milliers de fois en francais et en anglais depuis le 16 décembre sur les réseaux sociaux, dont un tweet depuis supprimé du professeur Raoult, ont affirmé qu’une prestigieuse association médicale américaine était revenue sur sa recommandation de ne pas utiliser l’hydroxychloroquine contre le Covid-19. C’est faux, l’association de médecins a bien débattu de ce sujet, mais la motion proposée n’a pas été adoptée.
Le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée et infectiologue, mène des essais cliniques depuis plusieurs mois avec son équipe à Marseille sur ce traitement peu coûteux et couramment utilisé contre le paludisme, affirmant qu’il est efficace contre le Covid-19.
Mais de nombreux scientifiques et l’Organisation mondiale de la Santé ont critiqué les études du professeur Raoult, estimant qu’elles n’ont pas été menées selon les protocoles scientifiques standards.
D’autres études, comme la française Hycovid ou Solidarity menée par l’OMS, ont tranché : l’hydroxychloroquine n’est pas efficace contre le Covid-19.
Ce constat a également été nourri par le vaste essai clinique britannique Recovery. Il a montré début juin que l’hydroxychloroquine ne réduisait pas la mortalité (les résultats détaillés ont été publiés le 8 octobre dans le New England Journal of Medicine).
Cette saga a été marquée par un scandale académique : début juin, la prestigieuse revue The Lancet a dû retirer une étude critique sur l’hydroxychloroquine à cause de forts soupçons de fraude. Ce scandale a conforté l’opinion des farouches partisans de ce médicament.
Contacté par mail jeudi 17 décembre au sujet de la suppression du tweet du Pr Raoult, l’IHU Méditerranée n’avait pu être joint à ce stade.
Une motion débattue mais pas adoptée
L’American Medical Association (AMA) avait appelé en mars 2020 à une "extrême prudence" quant à la prescription d’hydroxychloroquine, rappelant "qu’aucun médicament n’a été approuvé par la FDA (l’Agence américaine des médicaments, NDLR)" pour soigner les personnes atteintes par le Covid-19. (...)
Même fausse information aux Etats-Unis
Selon nos confrères américains de l’institut Poynter et de Politifact, une fausse information identique a été très partagée aux Etats-Unis après des propos similaires tenus par l’animateur Rush Limbaugh lors d’une émission de radio.
Sur son site, l’animateur -dont des propos sur le Covid-19 ont déjà été vérifiés par l’AFP- redirigeait vers un article du Published Reporter qui a depuis fait l’objet d’une correction. (...)
Après avoir d’abord délivré une autorisation d’urgence à la prescription d’hydroxychloroquine pour les malades du Covid-19, l’Agence américaine du médicament (FDA) a finalement recommandé mi-juin de ne pas prescrire ce traitement en raison des risques pour le coeur. (...)