
Quoi qu’on en dise, le mouvement bat son plein. Et aussi riche que soit sa créativité, il lui reste de beaux jours devant lui et encore beaucoup à inventer. Le peuple veut la retraite du régime !
Coup de force lancé par la RATP, la grève illimitée déclenchée le 5 décembre a pris la dimension d’un affrontement durable et généralisé contre la politique néolibérale à l’oeuvre en France depuis une trentaine d’années. Poussées par la base, les centrales syndicales ont rattrapé le mouvement comme elles pouvaient, au rythme d’une journée de mobilisation par semaine. Mais ce qui couve en-deça est d’un autre ordre. Chaque jour s’enchaînent rassemblements et manifestations, blocages en tous genres, des dépôts pétroliers aux lycées ; occupations de maisons du peuple, d’universités ; sabotages, coupures d’électricité, perturbations de réunions politiques ou d’événements où sont présents des membres du gouvernement,... Et à la fin du mois les payes ne sont pas bien grasses. (...)
Pour une grande part du mouvement, il s’agit de mettre un grand coup d’arrêt à la destruction néolibérale ainsi qu’à l’autoritarisme qui l’accompagne inévitablement. La situation politique actuelle incarne mieux que jamais ce couple vicieux. La clique à Macron impose son programme contre l’avis général en agitant l’épouvantail du Rassemblement National comme seule alternative, alors qu’elle emploie déjà ses idées et ses méthodes. La répression policière et judiciaire et ses méthodes brutales et arbitraires est devenue systématique pour briser toute contestation : arrêter les délégués syndicaux, éclater tout ce qui se trouve sur sa route, encadrer le moindre rassemblement, empêcher toute tentative de blocage,... Le RN, lui, répand la confusion en s’érigeant comme l’opposant légitime au néolibéralisme qui s’impose. (...)
C’est tout un panel d’actions qui se déploient quotidiennement. Tout le monde peut y trouver un moyen de s’y raccrocher. Le 10 février acte l’entrée fracassante dans le mouvement de Youth for Climate avec l’occupation des bureaux de BlackRock. À Toulouse on occupe les Galleries Lafayette pour égayer les manifs. (...)
Quelle que soit l’issue de la confrontation, le soulèvement a toujours-déjà disloqué le tissu bien serré des croyances qui permettent au gouvernement de s’exercer.