Ces dernières semaines et ces derniers mois n’ont apporté aucune trêve aux enfants et familles Rroms qui tentent de survivre dans des bidonvilles ; accusées des conditions qu’on leur inflige, ces populations font par ailleurs l’objet d’un racisme encouragé et quelquefois cultivé par nos politiciens.
Quelques faits vécus récemment :
– des enfants qu’on a refusé de scolariser à Ris Orangis pendant des mois et qu’au final le Maire de la commune a regroupé dans un gymnase avec - curieusement - deux enseignants de l’Éducation Nationale. Ce gymnase n’était pas une classe ; ces enfants n’étaient pas inscrit à l’école... Et on trouve des enseignants à mobiliser pour ce genre de travail. Cherchez l’erreur
Le campement de Moulin Galant (Corbeil/ Ormoy) où nos association amis en oeuvre depuis 4 ans des activités éducatives, d’éveil, d’éducation populaire. Sera sans doute expulsé avant la fin du mois de mars.
Idem semble t il pour le second où nous intervenons, et le dernier (Ris, justement)
A quoi , à qui sert un tel désordre ? Comment fabrique t on la marginalité, l’exclusion en se donnant l’air de la dénoncer ?
Peut être justement en voulant renvoyer le Rrom à une étrangeté absolue, un "inassimilable", un "barbare". On veut faire de la différence
Mais en quoi sommes nous si différents et en quoi le sort des banlieues , des enfants des milieux populaires est il donc si différent ?
Selon le réseau universitaire NETRACES (Network and Research and Action on European Slums) , il est difficile de définir par un critère unique le phénomène de ghettoïsation , de marginalisation spatiale , et de précarisation de groupes sociaux ou ethniques en Union européenne. (...)
ce qui caractérise TOUJOURS la ségrégation spatiale et sociale, au delà des particularités ce sont 4 critères que l’on retrouve partout, sous la forme de quatre manques, pour ces territoires :
- Manque de ressources économiques,
- Manque de ressources en dispositifs sociaux adaptés aux besoins spécifiques,
- Manque de représentation politique et de ressources politiques d’influence et de décision,
- Manque de sécurité administrative légale, difficultés liées à des statuts juridiques problématiques
De ce point de vue, nul ne subit autant un tel désastre, selon ces quatre critères, que les Rroms et particulièrement en France.
Mais pour autant, nos banlieues, nos quartiers sont ils réellement mieux lotis ? En est on sûr ?
Pour ceux qui arpentent les rues, les espaces publics, ceux qui vont au devant des familles, sans se limiter à un critère ou un champ d’intervention limité, …le constat est grave (...)
Les Rroms constituent ainsi un peu de vérité sur ce que nous vivons tous les jours : la perte de nos assurances économiques et sociales, de nos moyens d’agir et d’influencer la politique, et la pénalisation qui progresse à tous les étages de la société.
Comment ne pas voir dans cette similitude , cette conjonction entre ceux qui sont au bout d’un processus , et ceux qui y sont chaque jour un peu plus conduits ?
Il n’est pas étonnant, à ce compte là, qu’ils fassent l’objet de tant de rejets . On refuse souvent de voir ce qui nous ressemble et rien n’est pire qu’un miroir tendu à l’impuissance.
Les expulsions subies par les familles Rroms ne sont elles pas à l’image de toutes les petites expulsions de nos vies quotidiennes ? Expulsions éducatives et scolaires, perte d’emploi, perte de repères, ruptures, perte de visibilité et de représentation dans les espaces publics ?
C’est parce que les Rroms sont en avance sur nous , par de nombreuses ruptures, parce que le vécu de ces familles et de ces enfants , en France ,nous oblige à regarder la réalité en face, qu’ils subissent tant de violence pour que nous ne les voyons plus. (...)