Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Blogs de Mediapart
La finance jette ses filets sur les associations
Le blog de Laurent Cougnoux
Article mis en ligne le 14 mai 2015

Le gouvernement s’apprête à livrer tout le secteur associatif aux marchés financiers. Déjà esquissée avec la loi sur l’Économie sociale et solidaire, cette forfaiture de nos gouvernants prend corps. Tous les rouages de l’État se mettent implacablement en branle pour conditionner les subventions données aux associations via un système de partenariat public-privé. Une mécanique de précision conçue par le génie de la finance, qui émettra des « Social Impac Bonds », qui par nature pourront être côtés en bourse. Explications.

(...) Les acteurs associatifs dépendant de subventions ont tous remarqué deux grandes tendances : la baisse drastique de leur financement par les collectivités territoriales et le « glissement » de leur nature qui s’opère actuellement. Si l’Europe, les Régions, les Conseils généraux continuent de distribuer des subventions, ces financeurs demandent de plus en plus fréquemment aux acteurs associatifs de répondre à des « appels à projet ». Pour faire court, au lieu d’octroyer chaque année une subvention, les institutions imposent aux associations d’orienter leurs actions en fonction de critères prédéfinis. C’est précisément là que le glissement s’opère, obligeant les associations à passer sous les fourches caudines du politique. Et depuis l’adoption de la loi sur l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) en 2014, les choses s’accélèrent puisque ces appels à projets sont dimensionnés de façon à ce que les acteurs associatifs se regroupent, s’organisent, se professionnalisent, ou bien… disparaissent. (...)

Tout cela ne constitue que la première étape visible d’un plan beaucoup plus ambitieux, visant à financiariser ce qui pourtant ne peut pas vraiment l’être, à savoir les actions sociales au sens large. (...)

ce système est une véritable bombe à retardement pour les finances publiques, puisque l’État fait des économies à court terme en laissant des investisseurs privés se substituer à lui, mais doit ensuite rembourser beaucoup plus que s’il avait apporté lui-même les financements nécessaires. Bref la même mécanique que pour les partenariats Public-Privé (PPP), imposée à l’action associative au moment même où ces fameux PPP sont remis en cause (2)

De même, l’association qui recourt aux SIB (plus ou moins sous la contrainte) se voit imposer ses objectifs et ses méthodes d’action, voire son directeur. Pour minimiser leurs « risques » et « maximiser leurs profits », il est indéniable que les intermédiaires financiers imposeront des conditions drastiques. L’association n’a plus aucune liberté sans pour autant obtenir la moindre sécurité financière.

La boucle est bouclée. (...)