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Entre les lignes entre les mots
La barbe
Omar Benlaala : La barbe Seuil – raconter la vie, Paris 2015, 102 pages, 7,90 euros
Article mis en ligne le 11 mai 2016
dernière modification le 9 mai 2016

(...) le résumé de l’éditeur :

« Omar retrace dans ce livre un itinéraire précurseur, le sien : comment, jeune Français d’origine algérienne, il est devenu, au milieu des années 1990, l’un des premiers « barbus ». Il raconte les étapes successives de sa quête d’identité : décrochage scolaire, apprentissage accéléré de l’islam dans les mosquées de la région parisienne, voyages initiatiques à travers le monde, puis défonce sur les pistes de danse. Au terme de ces expériences, il trouve finalement son équilibre dans une pratique spirituelle apaisée. Il y a dix ans, alors qu’un nombre croissant de jeunes font le choix de l’islamisme, Omar coupe sa barbe et redevient invisible. Commence alors pour lui une nouvelle quête, ne visant plus ni l’absolu ni la distinction, celle du calme intérieur. Le parcours singulier d’Omar aide à comprendre celui d’autres jeunes qui, aujourd’hui, se cherchent dans la religion. »

Un livre, pas seulement un récit, des mots et des phrases qui donnent sens au passé proche et au présent, « Je ne cours plus, je lis, j’écris ». Omar Benlaala donne à voir, à travers son livre, une histoire, des possibles et des bifurcations, des ruptures… « N’ayant jamais mis les pieds dans une mosquée, je ne savais pas ce que j’allais y trouver. Mais parfaitement ce que je fuyais ».

Milieu des années 90, une ville et un quartier populaire, « leurs vêtements suintent l’humilité, leur mine l’épuisement », des rencontres plausibles…

Changement de look, barbe et ce « mixte entre la tunique héritée de l’arrière-pays pakistanais et la robe de l’homme d’affaires saoudien », sans oublier le turban « Et si, en plus, dans le package, ils fournissent le turban… » (...)

La société nous fait malades et « Au malade, il faut un remède radical. Le comportement irréprochable que promet l’institution religieuse apparaît comme une panacée ». Il fut un autre temps où le radical se nommait « socialisme »…

Chacun-e se construit ses mondes plausibles, les pensées plus ou moins contraintes par les environnements et les possibles envisageables (...)

Voyage en Inde, au Pakistan, « Et à mon âge, mesdames et messieurs on ne craint rien. On expérimente ». Voyager alors, ce n’est pas comme aujourd’hui, « Aux yeux des douaniers, nous sommes des excentriques, pas encore des suspects ». D’autres rapports aux êtres humains, d’autres relations spirituelles, d’autres inclinaisons sensorielles (...)

Changement de vêture, d’accoutrement, reste la barbe « collée à ma gueule de métèque, que je me refuse à élaguer, persuadé que je ne fais que traverser les limbes », gueule de métèque, cette gueule qui ne rentre pas dans le moule d’une certaine blanchité, cette gueule aussi des schwartz, ces juifs/juives des années 30, ces immigré-e-s de l’Europe de l’est, ces immigré-e-s de autre coté de la Méditerranée… Et aujourd’hui ceux/celles qui sont et ne sont pas vraiment des « français » comme les « autres », ceux/celles qui portent aussi une casquette à l’envers, un foulard, une perruque, un turban, une kippa, des signes qui les font montrer du doigts… Mais je m’égare… (...)

Le dernier chapitre « Anonyme ». La barbe coupée, un petit logement, un contrat, deux années à la Réunion… Retour au quartier « Un rêve se réalise. J’ai enfin acquis le seul véritable superpouvoir : l’invisibilité ». Le temps aussi de l’écriture, « Je ne cours plus, je lis, j’écris ».

Un livre, un écrivain plein d’humour, loin des inventions complotistes, des simplifications racialisantes… Il est des rêves dont on ne se réveille pas, d’autres qui tournent au cauchemar, d’autres enfin qu’on espère rêver…