Par définition, il n’y a pas d’estimation fiable des fuites de capitaux. Plusieurs chiffres circulent : en mai 2011, le ministère grec des avançait le chiffre de 280 milliards d’euros pour les capitaux grecs en Suisse. En octobre de la même année, le Financial Times Deutschland avançait le chiffre de 165 milliards, quand la Banque nationale suisse ne reconnaissait que 3,36 milliards |1|. L’ancien premier ministre, George Papandreou, déclarait au mois d’août 2012, que la Grèce aurait évité le sauvetage (‘bailout’) sans la fuite vers les paradis fiscaux |2|.
L’ONG Global Financial Integrity |3|, basée à Washington, cherche à évaluer les flux financiers illicites. Le principe de la méthode est simple : elle consiste à utiliser les sources officielles et à comparer, par exemple, les capitaux sortis de Grèce et les entrées de capitaux en provenance de Grèce dans le reste du monde. L’écart entre les deux sert à évaluer les mouvements illicites. Cette méthodologie ne peut évidemment que la partie la plus visible de ces mouvements de capitaux, et les évaluations auxquelles elle conduit doivent donc être considérées comme des minorants. (...)
Si une législation appropriée avait empêché les sorties illicites de capitaux grecs, et si ces derniers avaient été correctement soumis à l’impôt, la dette publique grecque aurait été inférieure de 55 milliards d’euros en 2014 (262 milliards au lieu de 317 milliards). (...)