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« Je m’appelle Juliette, j’ai 21 ans, et je suis sûre que tout peut changer »
Article mis en ligne le 28 avril 2012

Un avocat, un procureur, un juge, des policiers, un musicien congolais et une jeune fille venue assister pour la première fois au procès d’un sans-papiers menacé d’expulsion vers un pays qu’il n’a jamais connu. Poignant récit de ce que masque la politique du chiffre.

(...) Il était 13 h 21 quand tout s’arrêta.

Tout avait bien commencé pourtant…

Arrivés depuis 10 h, nous avons la chance de notre côté : pas d’embouteillages, une place pour se garer près du tribunal. Et puis un petit soleil printanier. On ne sait pas franchement pourquoi et pour qui on est là. Un coup de téléphone deux jours avant : un nom, un âge, un pays. Et puis une rétention au centre de Lyon. Par le passé, nous avons vu qu’une présence massive au tribunal administratif pouvait empêcher une expulsion, nous a-t-on dit. Alors pourquoi pas, après tout.

Tout avait bien commencé pourtant… (...)

Ici, personne ne décide, tout le monde applique. Je me demande qui est vraiment coupable. L’avocat de la préfecture, qui ne fait qu’incarner une politique ? Ou bien ces trois policiers qui rodent dans la salle, et qui ont l’air de s’ennuyer ? Ou bien même la secrétaire, qui n’a pas l’air méchante, qui écoute, prend des notes… De drôles de coupables, quand même.
(...)

Les policiers entrent et les embarquent. À peine le temps pour un adieu.

Le Congo ! Il ne le connaît même pas ce pays. Ses parents ont fui la guerre civile en Angola et se sont réfugiés au Congo, où lui est né. Puis ils ont migré en Suisse. Cela fait vingt ans qu’ils y vivent et y travaillent. Il ne connaît personne au Congo !

« Vous serez là pour l’audience cet après-midi ? », me demande l’observateur de la Cimade. Je regarde le planning : c’est une famille avec deux enfants de 7 et 9 ans, enfermés au centre de rétention depuis une semaine.

Je sors. Je vous méprise tous. Chacun de vous. Un par un. Moi. Notre silence, notre complicité, notre impuissance.

Le lendemain, je vais à un meeting à Marseille, voir Jean-Luc Mélenchon. Comme ça, juste pour voir. Parce que tout ça, c’est politique. Avant je pensais qu’une lutte ne devait pas être partisane, que le combat était au-dessus des partis. Aujourd’hui, je sais que c’est hypocrite et schizophrène. Tout est politique. (...)

Je m’appelle Juliette, j’ai 21 ans. Je suis révoltée et en colère. J’ai plein de rêves et d’espoirs. On m’a dit de témoigner et de partager. On m’a dit que vous n’étiez pas au courant.

Je m’appelle Juliette, j’ai 21 ans. Je suis sûre que tout peut changer. Qu’on peut tout changer.

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