A la barre de la 16ème chambre du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Bobigny, ce jeudi 17 janvier, ils étaient trois, tous dans le même cas. Passagers de vols Air France, ils sont accusés d’avoir retardé le décollage en s’indignant des conditions de transport de sans-papiers en cours d’expulsion du territoire français. Récit.
De la même façon, dans le vol Paris-Dakar, l’homme, maintenu de force sur son siège, est présenté comme « un dangereux criminel » aux passagers, qui ont pour consigne de rester silencieux. La consigne n’a visiblement pas été respectée. Un témoin, qui s’avère être la compagne de Jean-Luc, est appelée à la barre : « Les gens n’ont pas trouvé ça normal, tous les passagers de la cabine se sont levés. » Jean-Luc s’indigne, la tension monte. Sa compagne affirme avoir ensuite été violemment giflée par une policière. Elle perd connaissance et ne peut pas assister à la suite de la scène.
Le procureur requiert un an de prison avec sursis
Ému, Armand se lance face à la juge dans un récit poignant : « Il y avait un homme derrière moi, en chemise molletonnée à carreaux avec un casque, il se débattait, il criait et quand, parfois, il ne faisait plus aucun bruit, il fallait deux neurones pour comprendre qu’il était en train d’être étouffé ! ». En colère, il s’indigne contre un « traitement inhumain », se plaint d’Air France et refuse de prendre cet avion. La même policière de l’escorte lui rétorque : « Eh bien pourquoi vous n’avez pas pris la compagnie de votre pays ? ». C’est la voix chargée d’émotions qu’Armand reprend son récit. « Ça fait mal, affirme-t-il. Est-ce qu’elle savait ce qu’était mon pays ? » Me Teffo, son avocat, souligne devant le tribunal que le dossier comporte également un rapport d’Air France dans lequel une cheffe de cabine dit avoir l’habitude de ce type de vols et conseille aux hôtesses de « ne pas se laisser impressionner par des Sénégalais qui ont la manie de parler fort. » (...)
Autant d’images et de récits qui ne semblent pas bouleverser le procureur. « La seule victime directe, c’est Air France », assène-t-il avant de faire ses réquisitions : un an de prison avec sursis pour Jean-Luc et Armand, 1000 euros d’amende avec sursis pour Caroline. Tous trois sont invités par la juge à revenir le 22 février pour connaître son délibéré.