Une cinquantaine de migrants syriens, dont des enfants et des femmes enceintes, viennent de franchir l’Evros, en Grèce. Ils étaient bloqués depuis trois semaines sur un îlot à la frontière turque où ils ont été attaqués par des "individus" non identifiés. Mardi, la Cour européenne des droits de l’homme avait sommé les autorités grecques de leur porter secours.
une cinquantaine d’exilés, dont des enfants et des femmes enceintes, ont réussi à atteindre la berge du côté grec, comme l’a annoncé Alarm Phone sur Twitter. "Les personnes ont quitté l’îlot et sont arrivés sur la rive du côté grec de la rivière !", a réagit la plateforme qui redoute malgré tout un potentiel pushback en Turquie. "La police grecque a cessé de répondre à nos appels".
Cela faisait maintenant trois semaines que ce groupe était bloqué à la frontière entre la Grèce et la Turquie, et deux semaines qu’ils avaient contacté Alarm Phone et l’ONG Refugees in Libya pour les alerter. "Le groupe a déclaré ne pas avoir d’eau potable et n’avoir presque plus de batteries de téléphone portable. Après avoir passé autant de temps bloqués sur cet îlot, ces gens sont manifestement dans un état de détresse avancé", a déclaré un porte-parole d’Alarm Phone à InfoMigrants. Sur une vidéo, on peut notamment voir un homme blessé à la jambe, ainsi qu’une femme enceinte allongée, visiblement épuisée. (...)
Contactées par Alarm Phone, localisation GPS à l’appui, les autorités grecques ont longtemps prétexté ne pas avoir trouvé le groupe de migrants, ce qui laisse leur porte-parole perplexe : "On peut se demander comment cela est possible dans une zone frontalière aussi surveillée, avec les capacités technologiques des autorités grecques". (...)
Le groupe de migrants aurait aussi été attaqué par une "milice". Sur une vidéo publiée sur Twitter le 28 juillet par Alarm Phone, on peut voir un homme se faire tabasser par deux individus dont l’un semble porter une matraque, sur une berge de l’Evros. A côté, d’autres hommes quittent précipitamment un canot pneumatique visiblement dégonflé qui arrivait sur la berge. (...)
"Ils ont été attaqués par des hommes, qu’ils décrivent comme des mercenaires, portant des vêtements de type militaire mais sans insignes. Cette zone étant un environnement hautement sécurisé, il est difficile d’imaginer que cela se produise en dehors de la coordination du gouvernement", explique Alarm Phone. S’agit-il d’un pushback côté turc ou grec ? Difficile à savoir pour l’instant, mais ces pratiques sont largement documentées par les ONG ou InfoMigrants dans la zone de l’Evros. "Les pushbacks existent, j’ai moi-même renvoyé 2000 personnes vers la Turquie", témoignait même un ex-policier grec à la retraite à InfoMigrants.
La Grèce ignore de plus en plus les consignes de la CEDH (...)
Pour forcer la Grèce à intervenir, Alarm Phone a interpellé ce lundi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) via l’article 39 de son règlement qui permet d’indiquer des mesures provisoires à tout Etat "lorsqu’il y a un risque imminent de dommage irréparable", notamment "des menaces contre la vie". (...)
Le lendemain, la CEDH a décidé d’indiquer au gouvernement grec, en application de l’article 39, que les requérants ne soient pas expulsés du pays jusqu’à nouvel ordre et qu’on leur procure de la nourriture, de l’eau et les soins médicaux nécessaires". Depuis plusieurs mois, les saisines de la CEDH par les ONG sont quasi systématiques lorsque des personnes se retrouvent coincées sur des îlots de l’Evros. (...)
Cette stratégie judiciaire a fonctionné pour plusieurs cas successifs, mais elle semble de moins en moins efficace. (...)