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Décret Peillon : le mouvement réformateur néolibéral contre l’école émancipatrice
Article mis en ligne le 20 décembre 2013
dernière modification le 17 décembre 2013

Depuis 40 ans, seule la massification a été une bonne mesure. Mais elle n’a pas été portée à son terme. Et, avec le reste des « réformes » scolaires, le mouvement réformateur néolibéral l’a détourné de son idée initiale. (...) La formation du futur citoyen pour accroître son autonomie de jugement par la raison est bel et bien enterrée (...)

Ce nouveau décret Peillon est dans la droite lignée du « mouvement réformateur néolibéral » que nous subissons depuis des décennies. Après la réduction des effectifs enseignants titulaires de la droite, augmentation des emplois précaires dans l’Éducation nationale, l’augmentation du nombre d’enfants par classe, la mise au centre du dispositif scolaire de l’enfant alors que dans une école de l’émancipation, c’est la transmission des savoirs à l’élève qui devrait être au centre du dispositif.

On ne compte plus les études sur le « marché » de l’enseignement que nous procure l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou l’Organisation de Coopération et de développement de l’Europe (OCDE). Il en est de l’école comme de la santé et de la protection sociale : il s’agit de privatiser les profits et de socialiser les pertes de la sphère de constitution des libertés (école, protection sociale, services publics) : pour maintenir des hauts profits pour l’oligarchie capitaliste. il s’agit d’organiser une ségrégation spatiale de l’école en privilégiant l’école privée pour « ceux qui peuvent » !

Monsieur Morrison, grand prêtre de l’OCDE, donne d’ailleurs la stratégie à suivre : « Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement à l’école ou à la suppression de telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population » (source : Centre de développement de l’OCDE, Cahiers de politique économique, 2000, n° 13).

Le décret Peillon continue d’utiliser la décentralisation contre l’école émancipatrice.

Petit à petit, l’école, au mépris de la laïcité, s’offre aux appétits des firmes multinationales (les 16 millions de Total pour mettre la main sur le périscolaire par exemple) avant de s’offrir aux différents prosélytismes religieux ou politiques.

Petit à petit, l’Éducation nationale cède sa place aux collectivités locales ce qui bien sûr ne fera qu’accroître les inégalités sociales scolaires suivant que l’on habite dans une commune riche ou pauvre. La rupture de l’égalité territoriale devient la règle.

Petit à petit, la confusion s’installe, à l’intérieur de l’école, entre le périscolaire et l’école proprement dite. Instruction à géométrie variable, éducation à géométrie variable, diminution des horaires d’enseignement et remplacement par des activités périscolaires avec du personnel précaire « moins cher » que les enseignants, quand ce n’est pas le gardiennage dans la cour ou le préau de l’école, voilà l’objectif du « modèle réformateur néolibéral ».

Petit à petit, se prépare la « concurrence libre et non faussée » de tous les établissements entre eux. Bien évidemment, la pagaille organisée par le gouvernement solférinien avec son décret sur l’école publique ne touche pas l’école catholique privée largement favorisée par le gouvernement solférinien pour les familles qui peuvent payer.

Petit à petit, le secteur privé à but lucratif pour les actionnaires va prendre sa place dans l’ancienne école publique gratuite. Le décret autorise les activités payantes dans l’école, première phase avant l’entrée directe du privé lucratif pour les actionnaires dans l’école.

Petit à petit, le rôle des enseignants change. De transmetteur de savoirs, ils deviendront, si nous ne bloquons pas cette évolution, les manageurs au petit pied de la confusion entre activités périscolaires et scolaires.
Alors qu’un sain débat sur l’école faisait rage pendant la Révolution française, nous voilà aujourd’hui empêtrés dans une politique réactionnaire, antisociale et antilaïque de l’école (...)

L’école obéit à une politique de même nature que les autres services publics et la protection sociale. Et l’on voit bien que la cause de cette politique, ce n’est pas tel ou tel ministre ou telle ou telle organisation, c’est le mouvement réformateur néolibéral lui-même ! Il faut changer de modèle politique. Devra-t-on attendre le prochain krach économique et financier pour réagir ? Ou préparer dès maintenant une alternative nouvelle ? (...)