Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
obsevatoire des inégalités
« De plus en plus d’individus ont des difficultés pour subvenir au coût du logement »
entretien avec Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre
Article mis en ligne le 24 février 2014
dernière modification le 20 février 2014

D’un point de vue quantitatif, nous manquons de données actualisées année après année sur les conditions de logement en France. La dernière enquête « Logement » de l’Insee date de 2006. Dans le domaine du mal-logement, les seuls chiffres récents sont ceux de l’enquête « sans domicile » de l’Insee [1] parue l’année dernière, portant sur la situation en 2012. Ils montrent une forte augmentation du nombre de sans-domicile (près de 50%), depuis la première enquête sur le sujet en 2001.

Les situations de fragilité s’accroissent nettement, de la perte d’emploi à la fin des indemnités chômage en passant par la contrainte de l’emploi précaire qui ne cesse de se développer. Les équipes de nos permanences, les acteurs associatifs, les Centres communaux d’action sociale l’expriment : de plus en plus d’individus ont des difficultés pour subvenir au coût du logement, ce qui pèse sur les conditions de logement, qui ont elles-mêmes des conséquences dans d’autres domaines de la vie. Plus le coût de leur logement est élevé, plus les gens se restreignent sur l’alimentation, les soins, etc.

La situation de l’hébergement d’urgence se tend aussi dans ce contexte. Le nombre d’appel au 115 [2] augmente et on estime à 60 % la proportion de demandes non satisfaites. (...)

depuis 25 ans, on ne construit pas assez de logements, au regard des nouveaux besoins chaque année. La décohabitation (des couples qui se séparent ou des jeunes qui quittent le domicile des parents), la croissance démographique, la démolition ou les changements d’usage de logements, l’immigration, etc. créent des besoins en logements qui ne sont pas satisfaits par l’offre produite chaque année. On a donc un déséquilibre profond entre ces besoins et l’offre. Ajoutez à cela la flambée des prix de l’immobilier et la hausse des charges et des loyers depuis 2000 et vous avez un contexte de concurrence qui exclut de plus en plus les personnes les plus démunies, mais aussi les populations modestes. (...)

Par ailleurs, en cette période de restrictions budgétaires, le risque est de voir certaines aides au logement affaiblies. Le gouvernement a par exemple gelé en partie les aides personnelles au logement en 2014 alors qu’elles s’adressent déjà (et de plus en plus) aux ménages les plus modestes. Pourtant, c’est en période de crise qu’il faut « mettre le paquet » sur les plus fragiles. D’une manière plus générale, il faut recentrer socialement l’ensemble de la politique du logement pour qu’elle soit davantage en phase avec la réalité économique des ménages mais il faut également parallèlement renforcer les outils de protection à destination des plus fragiles tels que l’hébergement d’urgence ou d’insertion, la lutte contre l’habitat indigne, la prévention des expulsions, etc. (...)

Il va falloir produire davantage de logements en phase avec les besoins, aller plus loin dans la régulation des loyers, développer la primo-accession à la propriété. La mobilisation du parc privé à vocation sociale est également encore trop absente de l’intervention du gouvernement. De même, l’action des pouvoirs publics face à la résurgence des bidonvilles est totalement inadaptée et bien souvent indigne de notre pays. La ministre du logement a annoncé il y a quelques jours, un grand plan pour résorber les bidonvilles. Une annonce qui nous rassure, ce qui ne nous empêche pas de rester vigilants.