
Alors que le mouvement populaire de contestation marque le pas pour raison sanitaire, la liste des opposants interpellés n’a jamais été aussi longue.
Le pouvoir algérien instrumentalise-t-il l’épidémie de Covid-19 pour réduire au silence ses opposants et se venger des militants du Hirak, le mouvement populaire qui secoue le pays depuis février 2019 ? Alors que les habitants ont interdiction de sortir une partie de la journée et sont incités à rester chez eux, emprisonnements et harcèlements sont devenus quotidiens. « Ici, la justice et la répression ne se confinent pas », ironisent, entre crainte et amertume, de nombreuses personnes. (...)
« En cette période de confinement total des Algériens, le pouvoir en place active ses machines de répression et accélère la contre-révolution en essayant d’étouffer toutes les voix discordantes », soutient le Comité national pour la libération des détenus. Face à l’urgence sanitaire, la majorité des animateurs du Hirak avaient appelé à un gel de la contestation le mois dernier. La « trêve », respectée par la rue, n’a pas incité le pouvoir à une désescalade ni à des gestes de clémence envers la cinquantaine de personnes incarcérées pour des faits en lien avec le mouvement.
Après quatre mois d’accalmie qui avaient vu la levée, depuis janvier, du blocage des sites de plusieurs médias électroniques aux contenus jugés hostiles par le régime, la censure s’abat de nouveau sur la presse. Depuis le 9 avril, le site d’information Maghreb émergent et Radio M, la webradio qui lui est associée, très critiques envers le pouvoir, ne sont plus accessibles depuis le pays.
Contrairement à ses habitudes, le gouvernement algérien a, pour la première fois, admis sa responsabilité, par la voix de son ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer. (...)