
Après l’affaire des graines germées en Allemagne, des bactéries de la famille E.Coli continuent d’être à l’origine d’hospitalisations dans la région de Bordeaux et dans le Nord de la France. Dans plusieurs cas, c’est la viande hachée qui est en cause selon l’enquête menée par les services de santé. Jean-Louis Meurot, éleveur de brebis dans la Drôme et membre de la Commission sanitaire de la Confédération paysanne, analyse cette crise sanitaire et pointe les risques liés aux dérives de l’élevage et de l’abattage industriels.
Les méthodes industrielles mises en œuvre actuellement favorisent la prise de risque. Autrefois, les abattoirs traitaient de plus petits volumes. Les bêtes étaient allongées au berceau (petite table, ndlr) sur le dos. Quand la bête était incisée, la peau était déployée vers le bas, limitant le risque de souillure. Aujourd’hui, dans les chaînes d’abattage, les animaux sont suspendus du fait de la mécanisation. Les rythmes de découpe imposés aux travailleurs peuvent provoquer des situations d’anomalie. L’infection peut avoir lieu lors d’un contact entre la viande et des cuirs souillés, ou lors d’un accident d’éviscération de l’animal. Lors d’une rupture du système digestif d’un bovin, le jus du tube digestif se répand dans la cavité abdominale, ce qui souille ainsi la viande. C’est une des possibilités de contamination. La Confédération Paysanne demande donc le maintien des abattoirs « de proximité », près des lieux de production. Ce qui entraîne de plus petits volumes de production. Des initiatives commerciales de vente directe peuvent venir s’y greffer. Les collectivités territoriales et les politiques ont un rôle à jouer pour favoriser ces abattoirs de proximité.(...)
L’appauvrissement génétique que nous subissons aujourd’hui dans les filières est la conséquence d’une politique productiviste, centrée sur des critères visant exclusivement l’augmentation de la productivité des élevages. L’ensemble de la filière est conditionnée par ce schéma de sélection pyramidale : les critères de résistance aux maladies ou d’adaptation aux milieux n’ont pas été pris en compte par les instituts techniques. Le risque, c’est que les animaux ne manifestent plus de capacités immunitaires pour résister aux maladies. Il faut revenir à une autre façon de concevoir l’élevage dans laquelle ce n’est plus l’institut technique mais l’éleveur qui est au centre des initiatives et des décisions.(...)
Les services sanitaires se montrent aujourd’hui extrêmement sévères à l’égard des petits producteurs concernant les préparations à la ferme. À l’inverse, ils autorisent la mise sur le marché de tonnes de steaks hachés congelés. À la Confédération paysanne, nous défendons l’agriculture paysanne, c’est à dire une agriculture qui produit avec une main-d’œuvre abondante. On favorise les circuits courts avec des liens étroits entre les producteurs et les consommateurs. Nous savons que lorsque l’on réduit les intermédiaires, on réduit le risque de contamination.(...) Wikio