Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Rennes info
Avec les Gilets jaunes - Aux militant.e.s des luttes pour l’émancipation
Article mis en ligne le 1er décembre 2018

Tout ce qui bouge n’est pas rouge fut ma première pensée à l’annonce d’un mouvement de Gilets Jaunes (GJ).

Comme d’autres mobilisé.e.s à l’occasion des appels de gauche, j’accordais cette fois-ci peu de crédit à ce début de mouvement « citoyen » dont l’emblème du gilet jaune suffisait à discréditer ce qui allait se produire.

La poursuite des actions des GJ les jours qui ont suivi la journée du 17 novembre a eu raison de mes présupposés initiaux.

Mes questionnements ont trouvé quelques éléments de réponse lors de rencontres réalisées aux cours de rendez-vous des GJ et de discussions avec quelques « camarades » de gauche sceptiques face à ce mouvement.

Les lignes suivantes exposeront quelques points aveugles de ces derniers depuis mes premiers pas parmi les Gilets jaunes.

#1 : Se mobiliser contre une taxe sur l’essence est un prétexte d’automobiliste individualiste

Il m’est rapidement apparu comme une évidence qu’il était question de bien plus que cela. Parler de la goutte d’essence qui a fait déborder le plein de colère me paraît déjà plus proche de ce qui a motivé la mobilisation de militants improvisés.

Lors des rendez-vous des GJ durant lesquels des inconnu.e.s s’abordent pour parler de politique, certaines évidences semblent partagées : l’injustice fiscale, l’accaparement des richesses par quelques un.e.s, l’appauvrissement des classes populaires et la dénonciation d’une élite dirigeante coupée des réalités et besoins du peuple.

Des énoncés tel qu’ont pu en produire les nuits-deboutistes, eux-mêmes précédés d’invariants de gauche.

A quelque chose prêt que cette fois-ci, le discours et les actes prennent corps simultanément.

Une certaine lucidité s’empare de chacun.e.

On parle de ses fins de mois difficiles, de ces salaires qui garantissent à peine la survie. On n’y parle pas seulement de soi.

Il émerge pour certain.e.s un véritable sentiment d’appartenance à cette classe sacrifiée au nom de l’économie. La colère semble d’autant plus profonde que les années de sacrifices ne se comptent même plus. Sacrifices qui n’auront jusqu’à présent pas sorti le pays et encore moins le monde de ses misères.

Aussi une certaine radicalité dans la volonté d’agir s’affirme dès lors qu’il s’agit de ne plus simplement accepter le cours choses. Un sentiment partagé de ne plus rien avoir à perdre face à l’arrogance d’un pouvoir soude ces communautés de lutte ralliées sous un gilet jaune. L’objectivation des conditions de vie matérielle corrélée à la subjectivation d’une condition partagée de sacrifié-e-s par le pouvoir et pour l’économie constituent les prémices d’un combat par et pour une classe.

Retenons aussi de l’histoire que les épisodes révolutionnaires de 1789, 1917, en passant par le récent « Printemps arabe », ont en commun d’avoir eu pour facteurs déclencheurs des revendications liées à la subsistance et la contestation de la légitimité du pouvoir en place.

#2 : Où sont les gilets jaunes pendant que nous luttons habituellement ?

Si certain.e.s prennent part à un combat politique pour la première fois, d’autres figurent parmi les habitué.e.s des défilés syndicaux. Hormis une simple vue d’esprit rien ne permet réellement d’établir une ligne infranchissable entre les Gilets jaunes et les autres familiers des mobilisations sociales. (...)