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Après “le voyage de la mort”, les Terrasses de Briançon offrent un répit aux exilés
#exiles #frontiere #Briançon #solidarite
Article mis en ligne le 3 février 2023

Ouvert en août 2021, le nouveau refuge de Briançon ne désemplit pas. Même au plus fort de l’hiver, alors que les températures négatives rendent la traversée nocturne des montagnes franco-italiennes encore plus hostile, des exilés continuent de venir y récupérer des forces avant de reprendre leur chemin.

(...) des sommets enneigés, un soleil si lumineux qu’il en devient agressif pour les yeux, très haut dans le ciel bleu.

Derrière la beauté apparente, ce Tunisien connaît l’hostilité de ces montagnes séparant l’Italie de la France. Il y a deux nuits, il a tenté de les traverser, avec un petit groupe d’exilés. “Je suis tombé dans l’eau, jusque là” - ses doigts indiquent le milieu de son torse. Le soir venu, les températures sont négatives. L’eau, glacée. Mourad a pourtant réussi à remonter, dans la neige, et à se remettre à marcher, marcher encore. “Je pensais tout le temps à cette dame” peinant à ses côtés : “je me suis dit : elle va mourir, elle va mourir”.

Et puis non. Son petit groupe est arrivé ici, aux Terrasses Solidaires. Le nouveau refuge de Briançon, ouvert en août 2021 depuis que l’ancien a été fermé par la mairie, ne désemplit pas. Même en cette saison, au cœur de l’hiver.

Alors que ce nouveau refuge est dans les hauteurs de la ville, l’ancien local, demeure en contrebas. Mais l’accès en a été condamné. Les allées et venues incessantes, les jeunes improvisant un football devant son entrée, la fenêtre grande ouverte sur le linge étendu dans le couloir, ne sont plus que des images du passé. (...)

Le refuge actuel est prévu pour loger 65 personnes. Si la jauge est débordée, des voisins solidaires prennent le relais (...)

La semaine de notre visite, 39 exilés se trouvent aux Terrasses. “Nous n’avons jamais refusé du monde”, soutient Jonathan Mounal. “A partir de 70 personnes, on occupe la salle du self en guise de dortoir. Au-delà de 80, on fait appel aux hébergeurs solidaires”. Officiellement, la durée de séjour est de trois jours. Les exilés, la plupart du temps, ne sont là que de passage : personne ne s’éternise dans cette cuvette entre les montagnes. “Mais après, cela reste du cas par cas” (...)

Sept salariés travaillent à temps plein pour assurer la gestion quotidienne. (...)
le budget de fonctionnement, de “450 à 500 000 euros par an” repose sur des dons d’ONG : “Caritas, Emmaüs, la Fondation Abbé Pierre”... . “L’État ne nous fournit rien, tandis que la mairie dit que c’est le problème de l’État” (...)

Le garde-manger est rempli, lui, de dons provenant du Secours Catholique et des habitants de Briançon : légumes, potirons, et des bocaux de riz par dizaines.